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au bord du lac.

père était un pauvre chevrier qui venait de mourir, et qu’il allait rejoindre un parent au couvent des Carmes de Vassy.

En retour de ses confidences, la jeune fille lui apprit qu’on l’appelait Romée, du nom de sa mère, et Jeanne, de son nom de baptême, et que son père avait une maison et quelques champs dont le produit les faisait vivre pauvrement.

Tout en échangeant ces confidences, ils avaient atteint le village. Jeanne s’informa où Remy devait passer cette nuit.

— Où j’ai passé les trois dernières, répondit le jeune chevrier : à la porte de l’église, avec la pierre pour lit et le ciel étoilé pour baldaquin.

Jeanne lui demanda avec quoi il comptait souper.

— Avec une croûte de pain dur trempée dans la fontaine du village, continua-t-il.

Elle voulut savoir ce qu’il avait pour continuer sa route jusqu’à Vassy.

— Une bonne santé et la providence de Dieu, acheva Remy.

— Pour celle-ci, vous la garderez, répliqua Romée en souriant ; mais au pain dur j’ajouterai le lait de nos chèvres, et au lieu de dormir sur la pierre du porche, vous aurez place sous le toit des chrétiens.

À ces mots, elle le conduisit vers une maison dont la vieille toiture de chaume était garnie de mousses et de touffes de fougère. La famille allait se mettre à table. Jeanne fit entrer Remy, montra la place qui lui