Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
le chevrier de lorraine.

Bourguignons. Malheureusement ces derniers étaient presque partout les plus nombreux et les plus forts. Non-seulement l’Angleterre s’était emparée de la plus grande partie de la France, mais elle avait mis à la tête du gouvernement un prince anglais, le duc de Bedford, et les Parisiens s’étaient déclarés en sa faveur.

Cependant le retour du printemps avait réveillé quelques espérances au milieu des populations désolées par un long hiver. En voyant reverdir les prés et bourgeonner les arbres, elles reprirent un peu courage. Les plus malheureux s’abandonnèrent à ce premier bien-être que donne le joyeux soleil de mai. Ils ne pouvaient croire, en voyant revenir les doux rayons, la verdure et les fleurs, que les affaires de France ne renaîtraient point à l’exemple de la campagne.

— La Providence ne sera pas plus dure pour les hommes que pour les champs ! disaient les vieux paysans.

Et l’on se livrait à l’espoir sans motif, uniquement parce que Dieu avait donné des signes visibles de sa puissance.

Les habitants de Domremy, village situé au penchant du vallon dont nous venons de parler, avaient éprouvé, comme tous les autres, l’influence de ce primevert de l’année. Encouragés par l’arrivée des beaux jours, ils voulurent célébrer la fête du printemps en se rendant processionnellement à l’arbre des fées.

C’était un vieux hêtre planté sur la route de Domremy à Neufchâteau, et aux pieds duquel coulait une