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traces ; elles racontaient à leur manière les civilisations successives, et avec ces pages déchirées du passé, on pouvait presque recomposer le livre tout entier.

Depuis, ce souvenir m’est revenu souvent, et je lui dois sans doute l’idée des rapides esquisses qui composent ce volume. J’ai voulu y montrer à travers quelles épreuves l’humanité avait accompli ce progrès social que la mode nie maintenant ou feint de déplorer. Si j’ai choisi pour héros de mes récits des enfants, c’est que les vices ou les améliorations d’une société se font plus vivement sentir à eux. L’être fort modifie toujours un peu le milieu dans lequel il est appelé à vivre ; l’être faible le subit. L’Esclave, le Serf et l’Apprenti sont comme les symboles de trois sociétés qui se sont succédé. J’ai pensé que montrer l’avantage de chacune de ces sociétés sur la précédente, pouvait être utile à ceux qui ne se sont point encore décidés à « avoir des yeux pour ne point voir. » En regardant ce qu’était le passé, on est plus indulgent pour le présent, on attend avec plus de confiance l’avenir.

Je vous envoie ce volume des bords de notre petit lac, encadré de villas à colonnades antiques,