lui apprit que le roi avait douze canons beaucoup plus forts, qu’il avait appelés les douze pairs. Leur longueur était de vingt-quatre pieds, et il ne fallait pas moins de trente bœufs pour traîner chacun d’eux. Il ajouta que l’on en fabriquait aussi de tout petits dont on se servait en les appuyant sur l’épaule d’un soldat, tandis qu’un autre placé derrière ajustait et mettait le feu.
En arrivant à Blois, Jehan prit congé du marinier et se dirigea vers Paris ; mais le peu d’argent qu’il avait fut bientôt épuisé, et il dut s’adresser à la charité publique.
Comme il traversait les faubourgs d’Orléans, il aperçut un enterrement qui sortait d’une maison de riche apparence. Le cercueil était porté par les pauvres de la ville, et surmonté d’une effigie en cire. À quelques pas marchait un bateleur portant les habits du mort dont il imitait si merveilleusement le port, les gestes et la démarche, que la famille et les amis qui suivaient ne pouvaient s’empêcher de fondre en larmes. Jehan ayant appris que le défunt avait ordonné de compter six sous bourgeois à chaque pauvre qui se présenterait le jour de son enterrement, alla recevoir sur-le-champ sa part du legs.
Cependant il continuait toujours à s’avancer vers Paris ; il arriva un soir au sommet d’une colline d’où la vue n’apercevait au loin que des bruyères et des forêts sans aucun village. Il s’inquiétait déjà de passer ainsi la nuit à la belle étoile, lorsqu’il aperçut derrière un bouquet de pommiers sauvages une légère co-