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Enfin, la veille du jour de l’an, il reparut à Plouhinec avec la figure d’une belette qui a trouvé le chemin du colombier.

Comme il passait sur la lande, il aperçut Bernèz occupé à frapper avec un marteau pointu contre la plus haute des pierres.

— Que Dieu me sauve ! s’écria le sorcier en riant ; avez-vous envie de vous creuser une maison dans ce gros pilier ?

— Non, dit Bernèz tranquillement ; mais comme je suis sans ouvrage pour le moment, j’ai pensé que si je traçais une croix sur une des pierres maudites, je ferais une chose agréable à Dieu, qui me le revaudra tôt ou tard.

— Vous avez donc quelque chose à lui demander ? fit observer le vieil homme.

— Tous les chrétiens ont à lui demander le salut de leur âme, répliqua le jeune gars.

— Et n’avez-vous point aussi quelque chose à lui dire de Rozenn ? ajouta plus bas le mendiant.

Bernèz le regarda.

— Ah ! vous savez cela, reprit-il ; après tout, il n’y a ni honte ni péché, et si je recherche la jeune fille, c’est pour la conduire devant le curé. Malheureusement Marzinn veut un beau-frère qui puisse compter plus de réales que je ne possède de blancs marqués.