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ÉMILE SOUVESTRE.

les quatre cheveux devinrent quatre tailleurs dont le premier tenait un chou, le second des ciseaux, le troisième une aiguille, et le dernier un fer.

Tous quatre s’assirent autour du nid, les jambes en forme d’X, et se mirent à préparer un costume complet pour Bellah.

Avec la première feuille de chou, ils firent un bel habit piqué sur toutes les coutures ; une autre feuille servit au gilet ; mais il en fallut deux pour les grandes culottes à la mode de Léon. Enfin le cœur du chou fut taillé en chapeau, et le tronc servit à faire des souliers.

Quand Bellah eut revêtu ce costume, on eût dit un gentilhomme habillé de velours vert doublé de satin blanc.

Elle remercia le korandon, qui lui donna encore quelques instructions ; puis son grand oiseau la transporta, tout d’une volée, à l’île du Lok. Là, elle lui ordonna de redevenir bâton de pommier, et entra dans la barque en forme de cygne qui la conduisit au palais de la Groac’h.

À la vue du jeune Léonard, vêtu de velours, la fée parut ravie.

— Par Satan mon cousin, se dit-elle, voici le plus beau garçon qui soit jamais venu me voir, et je crois que je l’aimerai jusqu’à trois fois trois jours.