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F.-M. LUZEL.

qu’il n’avait aucun sujet d’être triste. Son parrain dit que tout cela ne lui paraissait pas naturel et qu’il voulait en avoir le cœur net. Il se mit donc à surveiller Pipi de près, et un jour il se cacha sur le bord du chemin qu’il suivait tous les jours, pour se rendre à l’école. Il fut bien étonné, quand il passa, de le voir accompagné d’un barbet noir qui le roulait sur la route et lui mangeait son pain. Il se montra aussitôt, fit le signe de la croix sur le barbet noir, et celui-ci s’enfuit alors en grognant et en lui montrant les dents.

L’enfant raconta alors à son parrain que ce barbet noir le roulait ainsi tous les jours sur la route et lui arrachait son pain de la main.

Dès lors, on connut la cause de la tristesse de Pipi et de son état maladif. À partir de ce jour aussi, son parrain l’accompagnait jusqu’à la porte du cloître et le ramenait, chaque soir, chez ses parents. Ils voyaient bien encore le barbet noir qui montrait les dents, mais à distance, car il n’osait pas approcher du prêtre. Pipi était un garçon éveillé, et il apprenait tout ce qu’il voulait. Cependant il approchait de l’âge de douze ans, et ses parents ainsi que son parrain devenaient de jour en jour plus soucieux. La veille du jour où il atteignait ses douze ans, son père, sa mère et le recteur passèrent toute la nuit à prier pour lui. Le lendemain