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mais ils ne veulent pas la vérité qui, pour eux, n’existe pas. Et pourtant ces amateurs de scepticisme et de relativisme sont sectaires dès qu’il s’agit de nier. Leurs idées sont tellement troubles et nébuleuses que tout en se croyant souples et tolérants, ils gardent d’une farouche manière une attitude hostile envers tout ce qui a l’apparence d’une certitude. C’est dire qu’ils sont incroyants sauf la foi en eux-mêmes, car leurs tendances les conduit à diviniser leur moi sous le magnifique prétexte de préparer la divination de l’humanité, d’une humanité future dont ils posent les fondements. Et cela doit fatalement aboutir à l’athéisme. Ils ont tout renversé : la création n’est pas, mais elle crée Dieu (!) L’homme ne sait rien mais il disserte sur tout en manière de passe temps. D’ailleurs il se peut que Dieu existe ou ait un commencement d’existence, mais c’est une divinité figée qui ne s’intéresse pas aux humains. Les écrits des sophistes se reconnaissent facilement en ce qu’ils fourmillent de contradictions, ce qui est le critérium de l’erreur.


Prodigalité — Avarice.

Les biens que nous possédons sont un dépôt confié par la Providence ; grave erreur de croire qu’il nous appartiennent ; nous en avons l’administration. Donc, limiter ses désirs, ne pas s’offrir toutes ses fantaisies ; on n’en a pas le droit. Le difficile, en tout, est de rester dans la mesure. Quelle mesure ? Celle dictée par le bon sens, le jugement, et surtout la pureté du cœur. Quelle règle ? — Celle, avant tout, de l’économie. Pas de gaspillage, jamais de gaspillage. Ce principe, généralement appliqué, diminuerait la misère dans des proportions incalculables. Il faut donner beaucoup. Il faut donner avec discernement ; là est la pierre d’achoppement de la charité. Encore vaut-il mieux se tromper quelquefois que de ne jamais ouvrir la main. Généralement, on ne se décide à donner largement que si l’on a foi en la Providence, à moins qu’on ne soit un prodigue qui, lui, ne connaît pas le discernement. Si l’on y a foi, on commence par admettre la proposition émise plus haut et on assume ses responsabilités. Donc, on ne se laissera pas arrêter par la crainte du lendemain ; on vivra au jour le jour, comme le lys des champs si magnifiquement vêtu par les soins du Père céleste. La crainte du lendemain paralyse tous nos élans. Certes il peut survenir des catastrophes qui nous ruineront. N’importe, soumettons-nous aux décrets d’en haut ; confiance et abandon. Nous notons les catastrophes, nous ne notons pas les aubaines. Que de lâchetés engendre la peur ! la peur de quoi ? la peur de tout ! Il ne faut avoir peur de rien et marcher toujours. Si l’on est dans la bonne voie, l’aide providentielle ne nous manquera pas. Savons-nous seulement ce qui nous est bon ou mauvais ? Comment pouvons-nous nous fier à nos seules inspirations. L’avare de