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La sagesse consiste à vous chercher sans cesse, tout en accomplissant sans défaillance son devoir de chaque jour. Ne pas se laisser entraîner par les passionnettes du moment. J’ai telle chose à faire, mais cela m’ennuie ; j’aime mieux me distraire à autre chose ; ce sera pour tout à l’heure ou pour demain… Et le temps passe.

Je voudrais comprendre… mais c’est comme une ascension sur une montagne. Plus on monte, plus l’horizon s’élargit ; on sait qu’il pourrait s’élargir indéfiniment s’il était possible de monter toujours ! Et alors on sent que l’on est un pauvre être bien limité. Pourtant, en suivant la « voie », nous arrivons à la Vérité qui nous donne la Vie ; et cela suffit. Qu’importe que nous ne sachions pas tout, si le peu que nous savons est vrai ; n’aurons-nous pas l’éternité, la lumière éternelle !  ! Une vie toujours croissante, une lumière toujours plus vive dans la paix et le repos. Et nous compromettons cela pour quelques instants de joie (?) éphémère d’où nous sortons las et déçus, car aucune joie terrestre n’est capable de combler nos vœux.

Quand on cherche où est le bonheur, on ne le trouve nulle part, car il ne peut exister que dans la stabilité. Et pourtant, ce bonheur, nous y accrochons passionnément notre espoir malgré les démentis de la destinée. Donc elle existe, cette stabilité dont l’humanité n’a jamais pu déraciner en elle l’ardent besoin. Mais comment la posséder dans le devenir, la succession ? Ce qui devient a pour principe de toujours cesser d’être ! Nous ne sommes maîtres que du moment présent… et c’est un éclair qui passe !… C’est donc vers « Celui qui est » que tendent tous nos vœux : Celui qui est, qui demeure, qui n’a pas commencé, qui est stable, immuable, infini, Dieu ! Les meilleurs de ceux qui Le suppriment rêvent de progrès indéfini, d’une humanité idéale à l’avènement de laquelle s’immole la série des générations sacrifiées ! Mais cet enfantement laborieux, s’il aboutissait jamais, ne donnerait qu’une vie éphémère, puisque la planète elle-même est vouée à la destruction. Et cette humanité idéale (?) qui aura cru se passer de Dieu sera-t-elle heureuse enfin ? Mais non, puisque ses « lumières » ne lui serviront qu’à mieux mesurer et sentir son néant.


Après une lecture de J. Maritain.

La sophistique n’est pas une doctrine, c’est une attitude vicieuse de l’esprit. Les sophistes sont des amateurs d’intelligence pour le plaisir de se donner des airs de supériorité et par cela arriver à une sorte de domination. Ils excellent dans la façon de discuter le pour et le contre ; l’exercice de leur intelligence est pour eux une volupté supérieure. Ils admettent, ils préconisent les avantages de la science,