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avaient franchi ces degrés. Il n’en est rien, il n’en sera jamais rien. C’est pourquoi le Seigneur ajoute : Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la Justice… Le juste est toujours persécuté. Le Juste des justes, le Pur, le Saint, le Fils de Dieu a dû expier sur le gibet d’infamie — après avoir été bafoué, maltraité, tourné en dérision, fouetté !… — le crime d’avoir apporté à l’humanité les moyens de vivre fraternellement, amoureusement dans la paix avant de gagner le ciel. Oh ! purifier son cœur ; ne s’attacher à rien de bas, de malsain, de dégradant, et par cela même aimer de plus en plus le Père céleste de qui nous tenons tout, et nos frères de la terre à qui nous devons toute aide, tout secours. (« Là où est ton cœur, là aussi est ton trésor ».) Aimer sans mesure… et se détacher de tout, même des affections les plus légitimes, s’il est nécessaire. N’être pour personne une entrave, un obstacle ; n’être lié à rien qui paralyse notre élan vers la plénitude de vie promise outre tombe. Et pourtant, donner de soi à tous autant qu’il est possible et opportun. — Je ne me crois pas arrivée au but, hélas !

(Celui ou) celle qui cherche son plaisir, sa propre satisfaction en piétinant tout autour de soi… qui prend son parti des déchirements, des larmes que font couler ses turpitudes, ses erreurs, qui sacrifie à une passion ce qu’elle pourrait donner de bonheur, de paix, de sérénité aux plus proches, qui aime mieux être esclave rivée à une chaîne que créature libre, orientée vers son bien et celui des autres… Ou elle dessèchera son cœur et ce ne sera plus que de l’ivraie vouée à la destruction finale, ou elle sera à son tour déchirée par le sentiment des souffrances engendrées par sa faute, et l’étreinte du remords la brisera enfin… et c’est ce qui pourrait lui arriver de plus salutaire… car on n’expie qu’en souffrant à son tour.


Novembre 1928.

C’est dur, dur d’être broyée par l’inquiétude, le chagrin, l’indignation… d’être obsédée par une idée fixe qui vous prend votre repos, vous brise le cœur, affaiblit en vous toute résistance… en un mot absorbe votre vie goutte à goutte. Tout travail intellectuel devient impossible.

On ne sait plus que pleurer… et prier. Il faudrait prier d’abord.

Mon Dieu, que tous ces balbutiements sont donc loin de vous ! Et pourtant vous voulez bien, quand même, habiter dans nos cœurs. « Si quelqu’un garde ma parole, nous ferons en lui notre demeure ».

« Je suis la vigne

« Je suis le bon Pasteur

« Je suis la voie, la vérité, la vie

« Je suis la résurrection ».