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II

FÉKLOUCHA


J’avais environ six ans quand mon père prit sa retraite, et s’installa dans sa terre patrimoniale de Palibino, dans le gouvernement de Witebsk. On parlait déjà avec persistance d’émancipation ; c’est ce qui décida mon père à s’occuper plus sérieusement de ses terres, qui, jusque-là, n’avaient eu d’autre administration que celle d’un régisseur.

Peu après notre arrivée à la campagne, un événement survenu dans la maison m’est resté vivement empreint dans la mémoire. L’impression, du reste, fut si vive pour tous, on en parla si souvent, que mes souvenirs personnels et les récits qu’on me fit plus tard, se confondent au point de ne plus se distinguer les uns des autres. Je raconterai donc le fait tel qu’il m’apparaît aujourd’hui.

On s’aperçut tout à coup que certains objets disparaissaient de notre chambre d’enfants : une chose d’abord, puis une autre. Si Niania perdait de