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XIII

ACTIVITÉ LITTÉRAIRE. — NOTRE SÉJOUR À PARIS


Au milieu de septembre, Sophie revint à Stockholm et nous nous revîmes après une séparation de près de deux ans. Je la trouvai très changée : sa vivacité, sa verve étincelante, avaient presque entièrement disparu : la petite ride du front s’était accentuée, la physionomie était sombre et distraite, et les yeux eux-mêmes, qui faisaient la principale beauté de cette physionomie, avaient perdu leur brillant éclat ; ils semblaient fatigués ; le léger strabisme du regard se remarquait plus qu’auparavant. Comme toujours Sophie parvenait à cacher la sombre disposition de son esprit, et à se montrer en société, ou avec des étrangers, presque la même qu’autrefois. Elle prétendait même savoir par expérience que lorsqu’elle se sentait intérieurement le plus déchirée, on disait autour d’elle : « Mme Kovalewsky s’est montrée remarquablement gaie et brillante aujourd’hui ».