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désillusions et tristesses.

Elle espérait que sa sœur lui apparaîtrait d’une façon quelconque. Toute sa vie elle conserva la croyance aux songes dont parle son amie de jeunesse, ainsi que, sous d’autres formes, aux pressentiments et aux révélations. Elle avait toujours su à l’avance quand elle serait heureuse ou malheureuse : 1887 devait lui donner une grande joie et une grande douleur, elle le savait, et maintenant déjà elle disait que 1888 serait l’année la plus heureuse de sa vie et 1890 la plus amère. Quant à 1891, elle devait lui apporter une lumière nouvelle. Cette lumière fut la mort.

Des rêves pénibles la tourmentaient toujours quand un de ceux qu’elle aimait souffrait, ou était menacé d’une souffrance ; la nuit qui précéda la mort de sa sœur elle eut un affreux cauchemar, ce qui l’étonna, parce que les nouvelles étaient bonnes. Mais quand la nouvelle de mort arriva, elle prétendit qu’elle aurait dû y être préparée.

Cependant jamais elle n’eut d’apparitions comme elle l’avait espéré.