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sophie kovalewsky.

de date, mais a dû être écrite au commencement d’avril.

« Que vous dirai-je de notre vie de Stockholm ? Si elle n’a pas été très « inhaltsreich », du moins a-t-elle été assez fatigante et assez animée tous ces derniers temps. Des soupers, des dîners, des soirées, se sont succédé de telle sorte, qu’il me devenait difficile d’y suffire, tout en préparant mes cours. Aujourd’hui les cours se trouvent interrompus pour quinze jours, à cause des fêtes de Pâques, et je me réjouis comme une pensionnaire de ce petit congé. Le 1er mai n’est plus bien loin, et j’espère alors partir pour Berlin, en passant par Pétersbourg. Quant à mes projets pour l’hiver prochain, ils sont encore indécis, car ils ne dépendent naturellement pas de moi.

« Comme bien vous pensez, on ne parle ici que de vous. Chacun demande de vos nouvelles, vos lettres sont lues, commentées, et font une véritable sensation. Les dames, qui donnent le ton, s’imaginent toujours souffrir d’un manque de sujet d’entretien intéressant ou palpitant, c’est donc une véritable charité que de leur en fournir. Je tremble, et me réjouis à l’avance, de l’effet que produira votre pièce lorsqu’elle sera jouée en automne. »

Sophie partit en avril pour la Russie ; elle écrit de là à Mittag-Leffler :


29 avril 1884.

« … Il me semble qu’il y a déjà un siècle que je suis partie de Stockholm. Jamais je ne saurais vous