Page:Soutras - Froissart a la cour de Gaston Phoebus, 1868.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
À LA COUR DE GASTON PHŒBUS.

fût vérité. Il y envoya un sien chevalier qui là était de côté lui ; le chevalier rapporta que voirement il était mort. Fut le comte de Foix désolé outre mesure, et regretta son fils trop grandement et dit : Ah ! Gaston, à mâle heure pour toi et pour moi, tu allas voir ta mère en Navarre, jamais je n’aurai si parfaite joie comme j’avais avant. Or, fit-il venir son barbier et se fit raire (raser) et se mit moult bas, et se vêtit de noir, et tous ceux de son hôtel, et fut le corps de l’enfant porté en pleurs et en cris aux Frères-Mineurs, à Ortais, et là fut ensépulturé. Ainsi en alla de la mort de Gaston de Foix ; son père l’occit voirement ; mais le roi de Navarre lui donna le coup de la mort. »


Mesdames, Messieurs,

Je me félicite d’avoir laissé Froissart vous raconter jusqu’au bout cette lamentable histoire, cette tragédie de famille. Je m’en félicite, non seulement pour l’émotion naïve du récit, mais aussi, et surtout, pour le discernement si juste que le chroniqueur sait faire des coupables. Le comte de Foix a frappé son fils ; mais celui qui a véritablement donné la mort, c’est le roi de Navarre, roi empoisonneur, que l’histoire appelle Charles-le-Mauvais.

J’avoue que cette appréciation si simple et si vraie m’apporte une joie morale que vous aurez sans doute partagée. Nous ne sommes