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FROISSART

couvrir et taire. Or, était-il d’ordonnance en l’hôtel de Foix que moult souvent Gaston et Yvain, son frère bâtard, gissaient (couchaient) ensemble en une chambre, et s’entraimaient ainsi que enfants frères font, et se vestaient de cotes et d’habits ensemble, car ils étaient aucqs d’un grand et d’un âge, (car ils avaient même taille et même âge.)

» Il advint qu’une fois, ainsi qu’enfants s’ébattent en leurs lits, ils s’entréchangent leurs cotes, et tant que la cote de Gaston où la poudre et la bourse étaient alla sur la place d’Yvain, frère de Gaston. Yvain, qui était assez malicieux, sentit la poudre en la bourse, et demanda à Gaston : Gaston, quelle chose est ceci que vous portez tous les jours à votre poitrine ? De cette parole, Gaston n’eut point de joie et dit : Rendez-moi ma cote, Yvain ; vous n’en avez que faire. Yvain lui rejeta sa cote, Gaston la vêtit, et ce jour il fut plus pensif qu’il n’avait été devant. Il advint, trois jours après, si comme Dieu voulût sauver et garder le comte de Foix, que Gaston se courrouça à son frère Yvain pour le jeu de paume, et lui donna une jouée (un soufflet). L’enfès s’enfélonna (s’irrita) et entra tout pleurant en la chambre de son père, et le trouva à telle heure qu’il venait d’ouïr sa messe. Quand le comte le vit plorer, lui demanda : Yvain, qu’avez-vous ? Monseigneur, dit-il, Gaston m’a battu ; mais il y