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À LA COUR DE GASTON PHŒBUS.

vention, et, une fois libre, disons-le à son honneur, il s’empressa d’envoyer les cinquante mille francs au roi de Navarre devenu sa caution. Mais ce prince ne les transmit point à son beau-frère.

Gaston en conçut une violente irritation. Après avoir amèrement reproché à sa femme son immixtion dans cette affaire, il l’envoya en Navarre pour sommer le roi de tenir ses engagements.

La comtesse épuisa auprès de son frère tous les moyens de persuasion, alléguant que le sire d’Albret avait été mis en liberté sur ses instances, et assurant que si elle reparaissait devant son mari sans rapporter les cinquante mille francs, il l’occirait certainement ; elle ne put rien obtenir, et soit qu’elle craignît en effet la colère du comte, soit pour tout autre motif, elle resta en Navarre et ne revint plus en Béarn.

Cette séparation avait exaspéré Gaston Phœbus qui en gardait dans son cœur un amer et profond ressentiment.

Je n’ai plus rien à abréger maintenant, et je m’empresse de rendre la parole à Froissart qui la retiendra jusqu’à la fin de cette tragique histoire :

«  Si commença le comte sa femme grandement enhaïr et à être mal content d’elle, et la chose, demeura ainsi. Gaston, le fils du comte ; de Foix, crût et devint très bel enfès (très beau garçon), et fut marié à la fille du comte d’Ermignac (d’Armagnac). L’enfès pou-