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FROISSART

et il s’était bien promis d’avoir le mot de ce mystère. Il l’eut enfin. Laissons-le parler, il va tout nous dire :

« Je tendais trop fort à demander et à savoir ce que Gaston, le fils du comte, était devenu ; par quelle incidence il était mort ; car messire Espaing de Lion ne me l’avait voulu dire ; et tant m’en enquis qu’un écuyer ancien et notable me le dit. Il commença son conte : Voir est, que Monseigneur le comte et Madame de Foix, sa femme, ne sont pas d’accord, et la discussion qui vint entre eux est mue (est née) du roi de Navarre, qui est frère à cette dame. »

Ici (pardonnez-moi cette irrévérence), je me permets d’abréger Froissart. Mais rassurez-vous ; si j’abrège le prologue, je n’abrégerai pas le drame, et ce sera l’émouvant chroniqueur qui vous le racontera tout entier.

Précisons bien la cause de la mésintelligence survenue entre le comte et sa femme. Gaston Phœbus retenait depuis longtemps, dans une des tours du château d’Orthez, le sire d’Albret, qu’il avait fait prisonnier dans une rencontre. Il avait fixé sa rançon à cinquante mille francs.

Le roi de Navarre, qui s’intéressait à ce seigneur, avait sollicité sa délivrance, offrant de garantir le paiement des cinquante mille francs. Il avait employé les bons offices de sa sœur, femme du comte, qui avait chaleureusement plaidé la cause du sire d’Albret.

Celui-ci fut enfin relâché, grâce à cette inter-