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À LA COUR DE GASTON PHŒBUS.

nateur, éclairé des reflets d’une vive intelligence et empreint de l’énergie d’un puissant caractère. On sent qu’il y a là mieux qu’un chevalier, qu’il y a un organisateur, et l’on n’hésite pas à se dire que, pour que cette noble figure de la chronique fût une des glorieuses figures de l’histoire, il ne lui manqua que l’occasion favorable et un plus vaste théâtre.

En résumé, Gaston Phœbus nous apparaît comme un prince plus haut que sa fortune, plus grand que sa souveraineté, supérieur, enfin, à son temps, puisqu’il avait cru à la pensée, pendant qu’autour de lui on ne croyait qu’à la force !

Ah ! pourquoi les lettres honorées et cultivées par lui ne peuvent-elles pas toujours sourire au prince comme elles sourient au troubadour !

Je vous ai parlé, en commençant, de mystères qui assombrissaient de temps à autre le brillant séjour de Moncade. Ces mystères, les hautes murailles ne les étouffaient pas ; ils perçaient au dehors en vagues rumeurs. Ces rumeurs, discrètement répandues, n’en faisaient que mieux leur chemin. On se disait, tout bas, bien bas, que le comte de Foix avait eu un fils, et que ce fils, bel et gracieux adolescent, avait encouru la colère paternelle et qu’il avait disparu de la vie… Comment ? On ne précisait rien, et l’on n’accusait que plus terriblement ; le silence des confidents favorisait les suppositions sinistres.

Froissart avait recueilli la rumeur accusatrice,