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À LA COUR DE GASTON PHŒBUS.

égale dans ses goûts et dans ses habitudes. Il nous le montre battant, été ou hiver, les bois avec ses meutes, devisant et discutant dans ses galeries avec ses clercs, travaillant dans son cabinet avec ses quatre secrétaires.

Cette grande existence féodale se déroule ainsi, se déploie, s’étale, pour ainsi dire, devant nous avec sa régularité majestueuse et sa pompe un peu théâtrale. Jugez-en par cette description des soupers du comte, où, à côté d’une grande admiration qui déborde, on rencontre des détails d’une naïveté charmante :

« Quand de sa chambre, à mie-nuit, il venait pour souper, en sa salle, il avait devant lui douze torches allumées que douze varlets portaient, et icelles douze torches étaient tenues devant sa table, et donnaient grande clarté en la salle, laquelle salle était pleine de chevaliers et d’écuyers, et toujours à foison étaient tables dressées pour souper, qui souper voulait. Il mangeait par coutume force volaille, et par spécial ailes et cuisses… Il prenait grand plaisir en toute ménestrandie (composition musicale) et il faisait volontiers devant lui ses clercs chanter chansons, rondeaux et virelais. Ils séaient à table environ deux heures. »

On voit que ces deux heures étaient princièrement employées et que l’esprit et l’estomac trouvaient leur compte aux soupers de Gaston Phœbus.