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FROISSART

dessiné : « Sage chevalier était et de haute emprise (de hauts desseins), plein de bons conseils, et n’avait eu onques nul marmouset (nul favori). »

Marmouset ! le mot est charmant, et je regrette que notre langue ne l’ait pas retenu dans le sens dédaigneux que lui donne Froissart. Poursuivons, et entrons dans l’oratoire du comte.

Chaque jour il disait un nocturne du Psautier, les heures de Notre Dame du Saint-Esprit, de la croix, et les vigiles des morts.

La charité du comte était tout aussi bien réglée que sa dévotion : « Chaque jour il faisait donner cinq francs en petite monnaie, pour l’amour de Dieu, et l’aumône à la porte à toutes gens. Il fut large et courtois en dons. »

Voulez-vous maintenant connaître le financier et l’économiste ?

« Il prenait en son pays pour ses recettes recevoir douze hommes notables, et de trois en trois mois, était de deux servi en lesdites recettes, et au chef (au bout) des trois mois, ils se changeaient. »

Décidément, Gaston Phœbus craignait pour ses argentiers la fascination des florins, et il s’arrange à merveille pour les y soustraire. Ces précautions semblent aujourd’hui bien étroites ; nous sommes habitués à plus d’ampleur dans les idées et dans les budgets.

Quand il a bien décrit le prince sous tous ses aspects, Froissart le suit avec une sympathie