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À LA COUR DE GASTON PHŒBUS.

alors par Duguesclin, atteignait loin et frappait fort.

L’intérêt avait parlé plus d’une fois, mais l’occasion attendue ne vint jamais, et Gaston Phœbus, sans héritier direct, Gaston Phœbus, dont la jeunesse avait été si brillante et si fêtée par la fortune, descendit tristement de l’autre côté de la vie avec le poids d’une ambition qui n’avait pu se satisfaire et mourut en 1391, heureux peut-être de délivrer son front d’une couronne rendue d’heure en heure plus lourde par la cumulation des mécomptes, des anxiétés et des remords du pouvoir.

Agitez-vous donc, grands politiques qui prétendez mener le monde, pour arriver tôt ou tard, comme Gaston Phœbus et comme tant d’autres, à cette juste expiation des excès de la force, — le sentiment de l’impuissance personnelle et l’accablante fatigue de l’autorité.

Vous avez deviné que l’héritage féodal du comte de Foix dut passer à des collatéraux. Il me reste à vous apprendre ce qu’est devenu son héritage poétique. Hélas ! il s’est dispersé et comme évanoui dans le temps ! Et de ces tendres ou rêveuses chansons, langoureusement soupirées sur les donjons et les tourelles par les belles dames d’autrefois, et applaudies par Froissart, à peine quelques refrains flottent-ils vaguement, dans le ciel des Pyrénées, au-dessus des châteaux en ruines du prince-troubadour ?

La prose de Gaston Phœbus, qui composa un