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À LA COUR DE GASTON PHŒBUS.

gloire. Jacques Bonhomme s’était levé fou de misère et de désespoir ; le soulèvement était général dans l’Île-de-France, dans la Champagne et dans la Brie ; la révolte marchait à la lueur des châteaux incendiés ; elle marchait, victorieuse et impitoyable.

Dans deux batailles rangées, les cottes de mailles avaient fui devant les sarreaux ; le paysan s’était mesuré avec l’homme d’armes, et la faulx avait eu raison de la lance. Les donjons ne résistaient plus, et les nobles, pareils à des cerfs poursuivis par des meutes furieuses, se jetaient, éperdus, dans les villes, autour desquelles les bandes des Jacques venaient hurler comme autour d’une curée certaine.

Le moment était critique pour le grand monde féodal… Les belles dames de la cour de France, chassées de Paris où régnait Étienne Marcel, étaient assiégées dans le marché de Meaux, sorte de forteresse qui s’élevait au centre de la ville. Les Jacques occupaient les faubourgs et se disposaient à donner l’assaut à ce dernier refuge de la féodalité expirante.

Tout à coup, des bannières se montrent dans la plaine ; c’est Gaston Phœbus avec ses hommes d’armes ; les assiégeants surpris tombent sous les lances ; ils ne peuvent fuir pressés qu’ils sont entre la troupe du comte et la forteresse. Ce fut une boucherie furieuse.

Lamentables scènes devant lesquelles le jugement de l’histoire hésite… mais que notre pitié