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FROISSART

l’hôtel des Monnaies de Morlaas, et il l’obtint de ses vicomtes, jaloux de surveiller de plus près cette branche importante de l’administration. À partir de cette époque, la pauvre ville, livrée à elle-même, descend rapidement tous les degrés de la décadence, et tombée au dernier échelon de notre hiérarchie administrative, simple chef-lieu de canton dans les Basses-Pyrénées, la vieille capitale du pays, qui ne s’inclinait que devant le vicomte entouré de ses hommes d’armes, s’incline devant un juge de paix, premier personnage du lieu ! Le temps a de ces ironies, j’oserais presque dire de ces insolences !

Je ne connais pas de ville, à l’exception peut-être de Saint-Bertrand de Comminges, qui dise plus tristement, plus lamentablement : J’ai été une gloire et une splendeur !

Au temps de Froissart, Morlaas ou Morlens, comme l’appelle le chroniqueur, possédait encore son hôtel de la monnaie. Mais rien ne révélait plus sans doute aucune capitale ; car la pauvre ville n’obtint que cette mention banale : Morlens qui est au comte de Foix ; il est vrai que depuis qu’on a quitté le Bigorre, l’intérêt des lieux s’efface pour le voyageur qui n’a plus qu’une pensée et qu’une curiosité : Gaston Phœbus ! Ainsi préoccupé et absorbé, Froissart me produit l’effet d’un pèlerin qui, venu de loin pour s’agenouiller devant l’image d’un saint fameux, à mesure qu’il approche du terme du voyage, ne s’entretient plus avec