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EXPÉRIENCES SUR LES FONCTIONS DE LA MOËLLE DU CERVEAU 525

Et cependant, non seulement le cerveau peut percevoir les sensations : il lui est encore donné de reproduire celles qu’il a déjà perçues. Cette action cérébrale se nomme mémoire. Dans certaines maladies du cerveau, la mémoire est complètement détruite. Les maladies nous offrent précisément des « analyses psychologiques de la mémoire ». Ainsi tel malade perd la mémoire des noms propres, tel autre celle des substantifs, tel autre celle des nombres, etc. ; celui-ci « oublie jusqu’à sa propre langue et perd ainsi la faculté de s’exprimer sur aucun sujet. » Il y a donc une mémoire des mots, une mémoire des noms, des formes, des lieux, de la musique, etc. GALL avait tenté de localiser ces « diverses sortes de mémoires ». MAGENDIE repousse naturellement ces essais de localisation ; mais, après avoir constaté qu’il existe des mémoires et non une mémoire, il confesse ignorer « s’il existe quelque partie du cerveau qui soit plus particulièrement destinée à exercer la mémoire ». Il semble donc que MAGENDIE ait encore été tenté de faire une faculté de l’âme de ce que GALL avait considéré comme un attribut commun des organes cérébraux, comme une propriété générale de la matière nerveuse des circonvolutions. Mais il est plus probable que ce n’était chez MAGENDIE qu’une manière traditionnelle de s’exprimer, car il ajoute que dans tous les cas de perte ou d’altération de la mémoire, après la mort, on observe « des lésions plus ou moins graves du cerveau ou de la moelle allongée ; mais l’anatomie morbide n’a pu encore établir, ajoute MAGENDIE, aucune relation entre le lieu lésé et l’espèce de mémoire abolie ». Le progrès des idées et l’émancipation du passé ne sont pas moins manifestes chez MAGENDIE à propos du siège des passions : « Dirons-nous avec BicnarT qu’elles résident dans la vie organique ? Mais les passions sont des sensations internes ; elles ne peuvent avoir de siège. Elles résultent de l’action du système nerveux, et particulièrement de celle du cerveau. »