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THALÈS DE MILET

PSYCHOLOGIE DE PARMÉNIDE

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flexibles, telle est la nature de son intelligence ; car ce qui pense chez les hommes, dans tous et dans chacun, c’est la nature des membres : ce qui prédomine est la pensée (4) ». En d’autre termes, telle est pour chaque homme la crâse ou le mélange des parties de son corps, telle est la nature de son intelligence (vios) ; ce qui pense (gpovéet) en nous, c’est l’assemblage des membres de notre corps (5). Le résultat, ou la pensée (vémux), c’est l’élément qui prédomine (5xéy) dans le mélange. Ainsi que l’interprète THÉéoPHRASTE, selon que l’un ou l’autre élément, le feu ou la terre, le chaud ou le froid, τὸ epyèv n td 4uys59, l’emporte dans la crâse, la pensée est mo- ἀἱῇός, ἀθνιεπί αιιῖγθ (ἄλλην γίνεσθαι τὴν διάνοιαν) ; celle qui résulte de la « prédominance de l’élément chaud, est meilleure et plus pure » ; encore faut-il quelque proportion dans le mélange. La mémoire (uviun) et l’oubli (xf6r) sont également des effets de la nature de cette crâse (Gt τῆς xpäsews). « Mais, quand ces éléments seront également mélangés, la pensée en résulterat-elle ou non et de quelle nature sera-t-elle ? Voilà, remarque THÉOPHRASTE, ce que PARMÉNIDE ne définit point. »

Mais il demeure acquis à l’histoire de l’intelligence humaine que, suivant PARMÉNIDE, les perceptions et les pensées sont telles ou telles, les souvenirs se conservent ou se perdent, selon que l’élément chaud ou ‘élément froid prédomine dans le tempérament du corps. 1l a cherché dans la chaleur le principe de la vie et de la raison. La diminution de la chaleur amène le sommeil et la vieillesse des organismes. Là même où la chaleur manque complètement, dans le cadavre, PARMÉNIDE admettait encore l’existence d’un certain degré de sensibilité ; seulement cette sensibilité obscure devait se rapporter, non à la lumière et à la chaleur, mais uniquement au froid et à la terre. C’est que, pour PARMÉNIDE, « tout ce qui existe, d’une manière absolue, a quelque connaissance », καὶ ὅλως dE räv to dv Éyew tva yrücw (THÉOPHR., 4), paroles d’une admirable profondeur, et qui sont bien dans l’esprit de l’hylozoïsme, d’après lequel tout ce qui existe, à quelque degré, sent et perçoit, peut-être pense, en tout cas connaît, sentir et penser étant même chose. THÉOPHRASTE compte PARMÉNIDE parmi ceux qui font naître la perception ou la connaissance de l’analogie de l’objet et du sujet, ou de l’homogénéité des parties qui sentent et connaissent et de ce qui est senti et 6ΟΠΠΙΙ, γνῶσις τοῦ QG) V. 146-9.

ὡς γὰρ ἑχάστῳ ἔχει κοᾶσις μελέων πολυπλάγκτων (πολυκάμπτων AnIsT.) τὼς νόος ἀνθρώποισι παρέστηχεν’ τὸ γὰρ αὐτό

ἐστιν ὅπερ φρονέει μελέων φύσις ἀνθρώποισι

χαὶ πᾶσιν καὶ παντί. τὸ γὰρ πλέον ἐστὶ νόημα.

(2) Murzacu explique bien ainsi le sens du vers 148 : membrorum compages est id ipsum quod sapit, sive voÿs ipse.