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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

respiration maintient et assure, dans cette hypothèse comme dans celle d’ANAXIMÈNE et de DIOGÈNE, la persistance des rapports de l’âme avec l’univers animé, vivant. De même pour les canaux des sens qui se ferment pendant la nuit (1). Lorsqu’au réveil ils se rouvrent, le feu intérieur se rallume, l’homme recouvre la raison (£gpuv) ; mais il s’éteint pour toujours si l’homme cesse d’être en rapport avec le monde extérieur. Ces idées sur la nature et les rapports de la veille et du sommeil, de la vie et de la mort, avec le περιέχον, sont d’une authenticité absolue ; elles reposent, comme sur une base inébranlable, sur les propres paroles d’HÉRACLITE. Toute cette théorie de la vie et de la mort, des organes des sens et de la sensibilité, des perceptions, de la mémoire, du sommeil et des rêves, de la nature et des conditions de la pensée, peut donc être appelée héraclitéenne.

Triste et hautain, HéracuiTE d’Ephèse, le grand contempteur de la démocratie, méprise tout ce que recherche et croit la vile multitude. « Qu’est leur raison et leur intelligence ? dit il des hommes ; ils s’attachent au bavardage des aèdes et aux opinions de la foule, ne prenant pas garde qu’il y a beaucoup de méchants, peu de bons. Les meilleurs seulement d’entre les mortels préfèrent à tout la gloire impérissable. La plupart vivent comme le bétail » (2). « Ils se vautrent dans la fange. » Ils naissent, procréent des enfants et meurent. « Les hommes ne seraient pas plus heureux si tous leurs souhaits étaient accomplis (3). » Vers la fin, sans doute, de la domination des Perses, le peuple d’Éphèse, soulevé contre les aristocrates, bannit HERMODORE, ami d’HÉRACLITE. La haine, l’ironie amère du philosophe s’exhale encore de ces paroles : « Tous les Éphésiens devraient se pendre en masse et abandonner la ville à des enfants, eux qui ont chassé leur grand concitoyen Hermodore en lui disant : « Que personne parmi nous ne soit supérieur aux autres ; s’il en est un, qu’il aille vivre ailleurs avec d’autres (4) ». L’erreur du vulgaire est de croire qu’il y ait rien de stable et de permanent dans le monde. C’est unc grande illusion de ne pas voir l’éternel (1) Sexrus Eur. Jbid. ἐν γὰρ τοῖς ὕπνοις μυσάντων τῶν αἰσθητικῶν πόρων χωρίζεται τῆς πρὸς τὸ περιέγον συμφυΐας ὁ ἐν ημῖν νοῦς, μόνης τῆς κατὰ ἀναπνοὴν πρὸς φύσεως σωζομένης οἶονεί τινος ῥίζης. Je pense, avec ÉnouarD Zer.uer (I, 559), que Sexrus reproduit ici exactement, dans son langage propre ou dans celui d’ÉNÉsIDÈME, des idées d’Héraczire. Il nous semble donc vraisemblable que le mot πόρος α déjà été aussi employé par HÉnacitTe pour désigner les organes des sens. (3) Τίς γὰρ αὐτῶν [ζο. τῶν πολλῶν] νόος ἣ φρήν ; δήμων ἀοιδοῖσι ἔπονται καὶ διδασκάλῳ (].-λων) γρέονται ὁμίλῳ, οὐ εἰδότες ὅτι πολλοὶ κακοὶ ὀλίγοι δὲ ἀγαθοί. Λἱρέονται γὰρ ἓν ἀντία πάντων οἱ ἄριστοι χλέος ἀέναον θνητῶν, οἱ δὲ πολλοὶ χεχύρηντα : ὄχωσπερ κτήνεα. ΟΙ έΜ., Βίτοπη., , 5760. Ῥ. ΖειιξΝ, Die Philos. der Griechen. 3te Auf., I, 529.

(3) fragm. 43.

(4) lragm. 55.