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THALÈS DE MILET

NATURALISME D’HÉRACLITE

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idées générales sur la nature étaient nées en Grèce, les principes fondamentaux de nos sciences avaient été posés, notre conception actuelle du monde avait été présentée. « Aucun des dieux ni des hommes n’a créé le monde », disait HÉRACLITE ; il est éternel, considéré, naturellement, dans sa substance ; car il change et devient sans cesse.

« Quelques-uns disent que tout le reste naît et passe en s’écoulant et que rien ne demeure stable ; que, seul, un être unique persiste immuable, d’où sortent, avec leurs transformations sans nombre, toutes les choses de cet univers. C’est là ce que paraissent avoir cru un grand nombre de physiologues et HÉRACLITE d’Ephèse (1). » «... eftx καὶ τῶν ἄλλω, οἱ πρῶτοι φυσιολογήσαντες. Οἱ δὲ τὰ μὲν ἄλλα πάντα γίνεσθαι τὲ Φὰσι καὶ ῥεῖν, εἶναι δὲ παγίως οὐθὲν, ἐν δέ τι μένον ὑπομένειν, ἐξ οὗ ταῦτα πάντα μμετασχηματίκεσθχι πέφυκεν̓ ἅπερ ἐοίχασι βούλεσθαι λέγευ ἄλλοι τε πολλοὶ καὶ Ηράκλειτος ὁ Ἐφέσιος. ΗΜΠΛΟΙΤΕ ογογαϊῖ !ϊ donc, contrairement au STAGIRITE, que le ciel ou l’univers, loin d’être incorruptible est périssable comme tout ce qui devient et subit le changement (2).

Quelle que soit la substance qui, par condensation et par dilatation ou raréfaction, a formé tout ce qui existe, que cette étoffe du monde soit l’eau (THALÈS), l’air (ANAXIMÈNE, DIOGÈNE d’Apollonie), le feu (HÉRACLITE), les éléments d’EmPÉépocre ou les atomes de LEUCIPPE et de DÉMOCRITE, etc., cette substance n’existe pas seulement : : elle sent, elle perçoit et, sous la forme de vapeur chaude, selon HÉRACLITE, d’atomes ronds suivant DÉo-CRITE, du sang au témoignage d’Emrépocze, etc., elle connaît, elle est intelligente, elle pense ; la raison et la pensée sont ainsi des propriétés de la matière ou, si l’on veut, de l’Être primordial, qui, pour les anciens hylozoïstes ioniens, est l’univers incréé, éternel, infini. Les idées d’esprit ct de matière ne sont pas encore nées, si l’on entend par ces mots des signes de substances hétérogènes dont l’homme aurait la connaissance. Nos sens ne perçoivent que l’apparence fugitive, et non l’être : le « feu éternellement vivant », par exemple, dont HÉRACLITE déduit la chaleur et le mouvement en général, leur demeure caché. Sans doute, les deux sens les plus nobles, et surtout l’œil(3), peuvent être mis au-dessus des autres, mais « les yeux et les oreilles sont de mauvais témoins quand ils sont au (r) Anisr., De Cœælo, IIL 1, 3.

(2) Jbid., I, x, 2. ...o0erpouevov. EmrérocLe d’Agrigente est associé, dans ce passage d’Arisrore, ὰ Ἠέκλοπιτε. ΑΛΙΘΤΟΤΕ convient ici que tout ce qui naît doit périr : ἅπαντα γὰρ τὰ γ’νόμενα καὶ φθξιρόμενα φαίνεται. 1] ajoute plus loin avec toute raison : « Prélendre que le monde lantôt se constitue el tanlôt se dissout (suvistiva ! rat ræhÿerv), ce n’est pas faire aulre chose que de soutenir qu’il est éternel (& !Stov), mais que seulement il change ἆθ [ογηιε (ἀλλὰ μεταθάλλοντα τὴν μορφήν). (3) Fragm. 2h. ̓Οφθαλμοὶ γὰρ τῶν ὥτων ἀποιθέστεροι μάρτυρες.