Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée
20
LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

28

LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

sable (1). Une autre image, d’une ironie également transcendante, de cette activité plastique et destructrice des processus cosmiques de l’univers, excluant aussi toute apparence de téléologie, toute finalité et toute raison intelligible du monde et de la destinée des êtres, représente ce jeu puéril de l’Étre éternel sous la forme d’un enfant qui joue au trictrac, agilant et jetant les dés (2).

L’impression que les phénomènes célestes et terrestres ont faite sur les Hellènes, en particulier sur les loniens de l’Asie Mineure et des iles, voilà l’origine de la première conception scientifique de l’univers. ZELLER remarque, à propos d’Emrépocre, qu’en établissant que les éléments étaient au nombre de quatre, ce qui a été si longtemps regardé comme un dogme, ce philosophe « a introduit dans les sciences naturelles le concept même de l’élément, et qu’il est devenu ainsi, avec LEUCIPPE, le fondateur de l’explication mécanique de la nature (3) ». Un instinct sûr, une tendance invincible les porta tous à expliquer le monde par les propriétés de la matière éternellement en mouvement, d’une substance infinie, incréée, indestructible et vivante. L’eau, l’air, le feu, la terre furent tour à tour regardés par THALÈS, ANAXIMÈNE, HÉRACLITE, EMPÉDOCLE, comme le principe et la fin des choses. Mais cette matière première, qu’elle consistât dans un ou plusieurs éléments, était animée ; la matière dont était faite l’étoffe du monde sentait et pensait. L’infini d’ANAXIMANDRE, cause universelle de génération et de destruction, est conçu comme ayant en soi le mouvement et la vie. Tel était l’hylozoïsme antique. Le naturalisme, je ne connais pas de mot qui résume mieux cette conception de l’univers. Dans le vieux monde méditerranéen, où l’Égypte et la Phénicie n’avaient guère laissé derrière elles que des amulettes, des cultes sinistres, des carrières exploitées, des teintureries et des comptoirs d’échange, les Hellènes inventèrent les mathématiques, l’astronomie, la physique, ouvrirent l’ère de la science et de la réflexion philosophique. Au v°siècle, nos (1) Piurarque, De Ei Delphico, XX. ...roù romtixoÿ παιδός ... ἐκεῖνος ἕν τινι ψαμάθῳ συντι- θεμένῃ μαὶ διαχεομένῃ πάλιν ὑφ̓ ἑαυτοῦ παίζει παιδιὰν, ...καὶ τὸν κόσμον οὐχ ὄντα πλάττων, εἴτ’ ἀπολ- λύων γενόμενον.

Û

(2) Philosophumena (Hiprorvre), Paris, 1860, IX, 1, 428. ‘Hpaxhertos pèv φησίν... ὅτι δέ ἐστι Παἲς τὸ πᾶν χαὶ δι’ αἰώνος αἰώνιος βασιλεὺς τῶν ὅλων οὕτως λέχει Αἱἰὼν Παῖς ἐστὶ παίζων, πεττεύων. Lucien, Vitar. 4ιοίίο, ιά. Τί γὰρ ὁ αἰών ἐστι ; -- Παῖς παίζων, πεσσεύων, διαφερόμενος [συνδιαφεpouevos BERN.].

(3) Der Begründer der mechanischen Naturerklärung, dit, à la leltre, Édouard ZeLLEr, d’Exrépocze (Die Philos. d. Gr., 1. 682), « le plus ancien précurseur de Dauwin », comme il l’a appelé plus lard. D’Héracuire, qu’il appelle « un des plus grands penseurs de tous les siècles », W. PREYER a dit : « Déjà il exprime avec fermeté des idées que, 2,300 ans plus tard, la doctrine darwinienne de l’évolulion el de la concurrence vitale présentera comme de nouveaux principes bionomiques ».