Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée
20
LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

26

LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

raliste aurait des raisons d’envier la pénétration de ce philosophe, véritable ancëtre de la théorie de l’inconnaissable, ou du moins de l’ « incompréhensibilité de toutes choses. »

XÉNOPHANE estimait donc qu’avec le temps la terre était dissoute par les eaux (nxt 7@ ypivo an toù dypeÿ éco). Mais il administrait des preuves, selon lui démonstratives (ær-èei£us), de ces révolutions géologiques. Ainsi, disait-il, « au milieu des terres et sur les montagnes on trouve des coquilles (xéyyu), et, à Syracuse, dans les [atomies (prison creusée dans le roc), on a trouvé les empreintes d’un poisson et de phoques (rire ἰχθύος χαὶ gwxü ?) ; à Paros, la forme d’un petit poisson dans l’épaisseur du rocher (ἐν τῷ βάθει τοῦ 6) ; à Mélite, des pétrifications de toules sortes d’êtres ΠΙΑΓΙΏ5 (πλάκας cuurévtwv 0xhxsotwv) ». Cela provenait, continuait XÉNOPHANE, d’une époque reculée où tout avait été recouvert du limon des eaux. L’empreinte de ces ètres fossiles était demeurée « desséchée » dans le limon durci. De cette observation, XÉNOPHANE avait cru pouvoir conclure que « tous les hommes étaient détruits, c’est-à-dire que l’espèce humaine périt tout entière, lorsque, entrainée dans la mer où elle s’affaisse, la terre se transformait en boue. »

Mais ces cataclysmes n’étaient pour XÉNOPHANE, comme les embrasements périodiques des mondes pour HÉRACLITE, qu’un moment de l’éternel devenir. La terre passait périodiquement de l’état liquide à l’état solide, ct réciproquement. Avec la réapparition de la terre ferme, une génération nouvelle d’êtres vivants recommençait. Comme ANAXIMANDRE de Milet, en effet, dont il a certainement subi l’influence, et peut-être été le disciple (THÉOPHRASTE), XÉNOPHANE admet que la terre et ses habitants sont produits par le dessèchement du limon primitif. L’univers, considéré dans sa substance, « n’a point de commencement » ; il est « éternel » et « impérissable » (ἀγέννητον, καὶ ἀῑδιον καὶ ἄφθαρτον) : mais le monde change continuellement d’état. Et ce qui est vrai de la terre est vrai pour tous les mondes, si XÉNOPHANE en a admis plusieurs. D’un but, d’une fin intelligente ou rationnelle de la nature et des êtres vivants, il n’y a pas plus de trace dans XÉNOPHANE, dans HÉRACLITE, AÂNAXIMANDRE Où DÉMOCRITE, qu’il ne saurait en exister dans l’esprit réfléchi d’un homme de notre temps.

« Le soleil, du haut du ciel, échauffe la terre », disait XÉNOPHANE, et, comme lout vient de la terre et retourne à la terre, les êtres qui naissent à la vie sous l’influence fécondante de la chaleur solaire rentreront tôt ou tard dans la poussière. Aussi bien des catastrophes périodiques engloutissent sous les flots l’humanité avec les autres êtres vivants. Sortie de l’eau, la terre est de nouveau envahie par la mer, à certaines époques, et convertie en boue liquide. L’observation, cette fois, avait servi de fonde-