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THALÈS DE MILET

ANAXIMANDRE, LAMARCK ET DARWIN

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la vie, de soutenir le combat pour l’existence, qu’il monta sur la terre, se métamorphosa en amphibie, s’habitua à la respiration aérienne et prit possession de son vaste domaine. Les Sÿriens, comme le rappelle PiuTarquE (x), et tous les peuples de même race, croyaient que tous les êtres étaient originaires de la mer. Ce qui apparait assez clairement dans les idées d’ANAXIMANDRE sur l’origine des premiers êtres vivants, c’est qu’il les croyait nés spontanément dans les eaux de la mer, et que, grâceà l’évolution des êtres vivants et à la variabilité des formes organiques, l’homme était descendu d’animaux marins et comptait des poissons parmi ses lointains ancêtres. En ces termes, et pour ètre née peut-être inconsciemment de quelque mythe cosmogonique d’origine babylonienne, l’hypothèse d’ANAXIMANDRE mériterait de figurer dans l’introduction historique de l’Origine des Espèces. CH. LYELL avait appelé ANAXIMANDRE un précurseur de la doctrine moderne de l’évolution (2). Cuvier enfin songeait évidemment à Lamarck εἰ ἃ (ΕΟΕΕΒΟΥ SainT-HinaiRe lorsqu’il écrivait : « ANAXIMANDRE, ayant admis l’eau comme le second principe de la nature, prétendait que les hommes avaient primitivement été poissons, puis reptiles, puis mammifères, et, enfin, ce qu’ils sont maintenant. Nous retrouverons ce système dans des temps très rapprochés des nôtres, et mème dans le xix° siècle (3).» Xénophane, un lonien du vi* siècle, écrit : « Tout vient de la terre et retourne à la terre. » Ailleurs : « Nous sommes tous sortis de la terre et de l’eau » (4). Or, quoique le philosophe de Colophon, colonie ionienne de l’Asie-Mineure, semble avoir vu des premiers, avec une assez claire conscience, que l’univers doit rester pour nous une énigme, et qu’il est sans doute impossible de rien comprendre à rien, en dehors d’hypothèses « vraisemblables », si bien que, « sur toutes choses, l’opinion est seule de mise » (5), il ne laisse pas d’avoir été, comme il arrive, un observateur assez perspicace des phénomènes, voire des curiosités naturelles de ce monde, des premiers documents de la paléontologie (6). Plus d’un natu- (1) Ριυτ, Symp. Quaest., VIIL, 8, 4.

(2) Cu. Lyecr. Principles of geology, 1, ch. u. 16. (3) Georczs Guvier, /Jistoire des sciences naturelles (1841), 1, 91. (4) Εκ γαίης γὰρ πάντα, χαὶ εἷς γῆν πάντα τελευτᾷ. κ... Πάντες γὰρ γαίΐης τε καὶ ὕδατος ἐχγενόμεσθα. Fragm. philos. graec. (Murracu). Fragin. 8 ct 9 ; cf. fragm. 18. (5) .... Ôgxos d’Ent nast técuusar. Sexrus Eupir., edv. Math., VIL, 48 et 110 : VII, 326. Oo : γὰρ ἔφη πρῶτος ἀκαταληψίαν εἶναι rivtwv. Philosophumena (Hiwrouyre). 1, x1 et X. Dioc. IX, 20. Cf. Fragm., 15.

+ (6) Cf. Héropore, IL, xu.