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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

apparurent ; la nature s’essaya en créations informes ; elle produisit des êtres à deux visages, à double poitrine, des androgynes (1). Toutes les combinaisons organiques apparurent au sein des eaux et sur la terre, en cet immense champ de carnage où, dans la lutte pour l’existence, les êtres les mieux doués s’adaptèrent seuls et survécurent. Cette théorie des origines du monde organique, UEBERWEG croyait qu’il était légitime de la rapprocher de la philosophie de la nature d’Okex, de la théorie de la descendance de Lamarcx et de Darwix, et ZELLER lui-mème prononce à ce sujet le nom du grand naturaliste anglais. Un fait considérable pour l’histoire des théories de la vie se présente ici. Pour la première fois, les antiques conceptions cosmogoniques prennent une forme scientifique etinaugurent les doctrines transformistes. EMPÉDOCLE, ANAXAGORE, DÉMOCRITE ont soutenu ces doctrines : ANaxi-MANDRE est peut-être le premier qui les ait formulées. « Par l’idée de l’adaptation, dit TEICHMÜLLER, ANAXIMANDRE pourrait passer pour un précurseur de Darwin ; de mème pour cette autre idée que les plus anciens organismes ont dû vivre dans la mer, organismes dont les animaux terrestres ne sont que des transformations. Ce rapprochement devient plus frappant encore si l’on considère l’origine de l’homme selon Anaxi-MANDRE :

il soutient que l’homme provient d’animauxde forme ou d’espèce

différente » (2). Et en effet c’est bien de poissons ou d’animaux pisciformes QU’ANAXIMANDRE fait descendre l’homme. Les premiers animaux, nés spontanément dans l’eau, disait-il, étaient revêtus d’une sorte de carapace épineuse, qu’on peut prendre, ce semble, pour des écailles ; mais, avec le progrès de l’âge, ces animaux étant montés sur la terre qui peu à peu se desséchait, leur carapace se rompit et « ils changèrent bientôt leur genre de vie », en d’autres termes ils s’adaptèrent aux nouvelles conditions du milieu. Que l’homme soit issu d’animaux de forme différente, et d’autres espèces, ANAXIMANDRE en voyait encore la raison, dit-on, dans cette circonstance que, de tous les animaux, il est le seul qui ne soit pas en état de se procurer sa nourriture après sa naissance ; qu’il a besoin d’être allaité de longs mois ; si bien que, livré à lui-même à l’origine, il n’aurait pu vivre et se perpétuer (3).

Ce fut donc dans l’eau que l’homme se forma d’abord comme un poisson, issu qu’il était lui-mème de ces vertébrés ; et ce n’est que lorsqu’il fut devenu capable de lutter avec avantage dans la bataille de (1) lragmenta philos. graec., v. 313 sq. Meutyuéva T5 péy ar’ avôp@v, — 75 GE yuvarropur. (2) G. Tricuuèccer, Sludien zur Geschichte der Begriffle. Anaximandros. Berlin, 1854, p- 64.

(3) Ecs, Pracp. ev.,’1, 8. Philos. (Mizven), 11. Cexsor, 4.