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THALÈS DE MILET

MATIÈRE ET FORCE

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« Dans le poème ἆ Ἠέδιονε, dit ZeLcer, les dieux eux-mêmes sont créés et ceux qu’honorait le peuple appartenaient même à une jeune génération divine. Il n’y a point de divinité qui puisse être considérée comme la cause éternelle de toutes choses et comme ayant sur la nature un pouvoir incondilionné. » La matière et la force de l’univers existent avant eux sous la forme du chaos éternel, et au-dessus d’eux, sous celle du Destin inexorable. C’est Gaca, la terre, qui produit le ciel avec ses astres innombrables, comme dans les divers systèmes du monde et théories du ciel des philosophes grecs du vi° et du v° siècles (1). Aussi loin qu’on remonte dans le passé de l’Hellade, il n’y a d’autre être que le monde, avec ses énergies créatrices et son éternité. Un dieu, cela vient à l’existence comme un homme, un cheval, un chène. Hommes et dieux ont la mème origine. Pinpare l’a chanté dans la sixième Néméenne (strophe I, 1-8) : les uns et les autres sont les enfants d’unc mème mère, la Terre(2).

L’homme ressemble aux immortels par la puissance de sa raison et la forme de son corps ; il est, comme les dieux, soumis aux arrêts du destin ; il ignore ce que la nuitet le jour lui réservent.

Comme les vieux aëdes qui avaient admis que, pendant une durée indéfinie, le Chaos et la nuit avaient seuls existé, les premiers physiologues, les physiciens de l’Ionic, linrent pour la cause première de l’univers οἱ le principe éternel des choses, d’où tout sort et où tout retourne, sans créalion ni perte d’aucune partie du seul Être qui persisie, immuable à travers la génération ct la destruction des mondes et des êtres vivants, les divers éléments matériels, tels que l’eau, l’air, le feu (3). Chez ces philosophes naturalistes, comme dans les anciennes cosmogonies, la matière première, sorte de chaos ou d’abime, où s’agitent confusément des germes de ce qui sera, préexiste à l’apparition de la terre et du ciel. « Tout était ensemble ». ’Ομοῦ πᾶντα χρήματα : ainsi s’ouvrait le livre d’AxaxaGore (4). Et dans ce mélange où tous les germes des choses (5) élaient confondus (4 opus ἁπάντων χρημάτων), rien n’était encore visible à cause de la petitesse des éléments. Dans cet univers, l’Un élait Tout. ‘Ev ...révrx xouata. L’air ct l’éther se séparèrent d’abord de ce qui contient et « environne » tout, du ciel « infini en grandeur » (6). Ce fut alors que le dense se sépara du rare, le chaud du froid, le lumineux du ténébreux, le sec de l’humide. à l’origine, suivant Hésione (Théog., v. 116), la terre et le ciel, οἱ d’où lout est sorli, les dieux comme le reste, — mais a fail croire à AcuiLzès Tatius, à TzerzÈs el au scholiaste d’Hésrone (*), que PaÉRÉCyDE, comme THaLËs, avait tout fait venir de l’eau. Certes, 0wv est bien la terre pour PaÉRÉCYDE, mais H. Manrix a reconnu qu’elle est bien près d’être en même temps l’ensemble primitif et confus de toutes choses. (Mém. de l’Acad. des inscr., XXIX, 2° p., 36 sq.) (1) La cosmogonie des Oiseaux, d’ARISTOPHANE, est un morceau mythologique de premier ordre. « Au commencement fut le Chaos, et la Nuit, et le noir Erèbe, et le vaste Tartare. » Il n’y avait ni terre, ni air, ni cicl. La race des immortels n’existait pas encore. (2) Les dieux d’Empédocle, de Démocrite et d’Épicure sont plus grands, plus puissants el vivent plus longtemps que l’homme ; voilà tout. Mais ils subissent, comme lout ce qui vient à l’existence, les destinées et l’inévitable mort.

(8) Anisrore, Mét., I, τα. τῶν δῆ πρώτων φιλοσοφησάντων οἱ πλεῖστοι τὰς ἐν ὕλης εἴδε, μόνας ᾠήθησαν ἀρχὰς εἶναι πάντων... Ἐϊσὶ δέ τινες οἳ καὶ τοὺς παμπαλαίους καὶ πολὺ πρὸ τῆς νῦν γενέσεως καὶ πρώτους θεολογήσαντας οὕτως οἵονται περὶ τῆς φύσεως ὑπολαθεῖν.

(&) Fragm. philosophorum graec. (Murcacn). I, 248. Fr. 1.

(6) Fragm. 4. Dans le fr. 3, les éléments d’Anaxagore qu’on devait appeler plus tard homoeoméries, sont expressément appelés « germes de loutes choses », σπέρματα πάντων γρημάτων. (6) Fragm. 2. καὶ τό γε περιέγον ἄπειρόν ἐστι τὸ πλῆθος. 06 ἀθγπίος πιοί α ici le sens de grandeur. (ὁ) Ad. Theog.. 116. Φερεκύδης ὃ Σύριος καὶ Θα)ῆς ὁ Μιλήσιος ἀρχὴ» τῶν ὅλων τὸ ὕδως φασω εἶναι...