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l’intermédiaire d’autres versions en langue vulgaire, selon la méthode universellement suivie au moyen âge, dans lOccident comme dans l’Orient chrétien, pour l’interprétation des textes grecs, hébreux ou arabes (1). Ces traités de CoxsTaxTiN l’Africain n’en ont pas moins été une des sources les plus abondantes des connaissances anatomiques et physiologiques des philosophes et des médecins du moyen âge en Occident. C’est, partout et toujours, le même savoir traditionnel qui passe des écrits d’un savant d’une École dans ceux d’un savant d’une autre École, et cela presque à la lettre. Comment, en admettant, ce qui n’était pas le cas, que ces savants eussent fail ces études préliminaires sur les animaux que GALIEN considérait comme la préparation nécessaire à l’intelligence de la structure et du jeu des appareils et des organes du corps humain, comment auraient-ils pu rien comprendre à l’arrangement des « veines ct des nerfs », comme ils disaient, quand ils devaient attendre, ainsi que GALIEX d’ailleurs, qu’un tremblement de terre bouleversât un cimetière ou que les eaux d’une inondation laissassent en se retirant quelque cadavre en putréfaction ? Un savant religieux anglais du x11° siècle, dont la vie et les voyages en Orient rappellent d’une manière frappante ce que les Chroniques du Mont-Cassin rapportent de CoNSTANTIN l’Africain, AnézarD de Bath, s’expliquait ainsi à lui-même la manière dont les « philosophes » devaient avoir acquis leurs connaissances anatomiques du corps de l’homme : après avoir atiaché quelque cadavre humain apporté par le flot dans la crue d’un fleuve, ct alors que toute la peau ct la « chair » de ce cadavre avaient disparu, les « nerfs » et les « veines », plus résistants à la putréfaction, demeuraient et permettaient de reconstituer la disposition structurale de ces nerfs et de ces veines (2). Voici les textes de Constantin l’Africain particulièrement relatifs à l’anatomie et à la physiologie du système nerveux central qui ont alimenté, jusqu’à la Renaissance, presque tout le savoir traditionnel, en ce domaine de la connaissance, des médecins et des philosophes du moyen âge. Acumen anlerioris capilis propter ventriculum fil prora cerebri, ex quo procedunt nervi unde quinque sensus excunt.

(1) V. Jules Soury, Des Études hébraïques et exégétiques chez les chrétiens d’Occident au moyen äge. Posilions de thèse (École des Chartes). Paris, 1863. (2) Anécann de Bath, Questiones naturales, xvi. Cum opere precium philosophis videretur extensioncs nervorum ct venarum cognoscere, hoc modo id eos assequturos esse arbitror. Cadaver quidem humanum pulo cos in fluminis impelu ligasse, ibique, donec lota culis el caro deciderel, dimissum esse, nervis Lamen et venis que lenacioris subslantiae sunt ibidem remanentibus. Ilaque cis talis contexlio reconiexta est.