Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

GALIEN

La physiologie, qui trouva dans Galien de Pergame (131-200), pendant plus de mille ans, sa plus haute expression, avait déjà découvert le rôle et l’importance de l’encéphale, de la moelle épinière et des nerfs. Le cerveau, si longtemps considéré, avant et après ARISTOTE, comme une masse inerte, comme une sorte d’ « éponge » humide et froide, destinée à refroidir le cœur, avait été reconnu, par les anatomistes et les physiologistes de l’école d’Alexandrie, pour le siège des fonctions de la sensibilité, du mouvement volontaire et de l’intelligence. Le rôle de-la moelle épinière était connu ; des milliers d’années avant Cnanrres BELL el MA-GENDIE, les nerfs sensibles avaient été distingués des nerfs moteurs. Outre les nerfs de la sensibilité générale et du mouvement, les anatomistes, et, bien avant eux, les vieux naturalistes ou physiologistes de l’Hellade avaient, sous le nom de canaux ou conduits, indiqué ou suivi le trajet des nerfs sensoriels ou cräniens depuis les organes périphériques des sens jusqu’au cerveau, ou du cerveau jusqu’aux organes des sens, tels que le nerf optique, par exemple, dont les expansions formaient la membrane réticulée de la rétine. Ils savaient aussi que des nerfs se rendent aux muscles des yeux. La lecture d’un simple texte didactique, tel que celui de Rurus d’Éphèse, prouve manifestement que l’anatomie du système nerveux central était presque aussi avancée au 1°" siècle de notre ère, qu’elle le sera à l’époque de Wazzis et de Vieussens. Bref, les idées d’AnisToTe sur les fonctions de l’encéphale et l’origine des nerfs n’auront pas besoin d’être renversées par GALIEN. Ce grand médecin, qui n’a guère fait que vulgariser, avec l’anatomie et la physiologie d’Hé-ROPHILE, d’ÉRASISTRATE, d’EUDÈME et de Marinüs, les théories biologiques d’ARISTOTE et la pathologie hippocratiste, pouvait se dispenser de « rougir » (De l’util. des parties, VIII, ut) de certaines doctrines du Stagirite, lequel appartenait à une tout autre famille d’esprits que GALIEN de Pergame. Ce n’est pas qu’il n’ait raison de soutenir que, contre toute apparence, ARISTOTE a situé dans le cœur le principe des nerfs (1). GALIEN est évi- (r) Anisrors avait dit (//. 4., LI, v) que le cœur est l’origine ou le principe des nerfs : ἡ μὲν ἀρχὴ καὶ τούτων ἐστὶν ἀπὸ τῆς καρδίας.