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FINALITÉ DE LA NATURE. CONCEPTION DU MONDE ET DE LA VIE DE L’HOMME

Histoire de la civilisation.


L’idée de finalité dans la nature était, selon Aristote, une conception demeurée à peu près étrangère aux anciens physiologues hellènes : c’était une conquête de la science grecque postérieure, alors qu’elle commenca de s’élever contre la considération des causes purement mécaniques de l’univers, de celles, en particulier, de la matière et du mouvement[1]. La nature fait toutes choses en vue d’une fin[2]. Il y a un pourquoi, une fin à toutes les choses qui existent ou se produisent dans la nature[3]. {sc|Aristote}} oppose le nécessaire, τὸ àvæyxaïov, à la fin ou au but, + 05 évexa. Ce n’est que dans la matière qu’est le nécessaire ; le but est dans la définition : ἐν γὰρ τῇ ὕλῃ τὸ ἀναγκαῖου, τὸ δ̓ οὗ ἕνεκα ἐν τῷ λέγῳ (Ρἠ49., ΠΠ, 1x, 2). La matière ne sert qu’à la réalisation du but. Le but ou la fin n’est rien autre chose que la forme se réalisant dans la matière. La forme constitue, au regard de l’individu, le général dans les choses. Il suit que tout ce qui est purement individuel est indifférent et par conséquent exclu de la considération du but. Cela est surtout déclaré au livre V du De animalium generatione.

« La nature ne fait rien en vain ; elle réalise toujours le mieux de ce qui est possible pour chaque espèce d’animal selon son essence »[4]. Ainsi les poissons n’ont point de membres indépendants, parce que leur nature est de nager (ètx rà νευστικήν εἶναι την φύσω aivüv) par définition de leur essence (xatx tèv ts cdsixs Xéysv) : attendu que la nature ne fait jamais rien de superflu ni d’inutile (ἐπεὶ οὔτε περίεργο οὐδὲν, οὔτε μάτην ἡ φύσις moiet[5]. De même si les serpents sont dépourvus de pieds. Non seulement la nature

  1. Arist., De anim. gener., V, 1.— De part. anim., 1, 1. Où pv oùv dgyaïor καὶ πρῶτοι φιλοσοφήσαντες περὶ φύσεως περὶ τῆς ὑλιῆς ἀργῆς καὶ τῆς τοιαύτης αἰτίας ἐσκόπουν, τίς χαὶ ποία τις, καὶ πῶς ἐκ ταύτης γίνεται τὸ ὅλον, μαὶ τίνος πινοῦντος, οἵον νείκους, Ἡ φιλίας, ἢ νοῦ, ἢ τοῦ αὐτομάτου, τῆς δ̓ ὑπο- χειμένης ὕλης τοιάνδς τινὰ φύσιν ἐγούσης ἐξ ἀνάγχης, οἷον τοῦ μὲν πυρὸς θερμὴν, τῆς δὲ γῆς φυγράν, καὶ τοῦ μὲν χούφην, τῆς δὲ βαρεῖαν’ οὕτω γὰρ καὶ τὸν χύσμον γεννῶσιν. --- Δε γεδρύγαἰ., ο. ΥΙ, v.
  2. De part. an., 1. 1. ñ φύσις ἕνεκά του ποιεῖ πάντα.
  3. Phys., IL, vur, δ."]όστιν ἄρα τὸ ἕνεκά του ἐν τοῖς φύσει γιγνομένοις καὶ οὗσιν.
  4. Arist., De animalium incessu, C. II. φύσις οὐθὲν ποιεῖ μάτην, ἀλλ̓ αεὶ ἐκ τῶν ἐνδεγομένων τῇ οὐσίᾳ περὶ ἕκαστον γένος ζῴου τὸ ἄριστον.
  5. De part. anim., IV, XIII.