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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

tendons (592), attachés aux os, et qui seraient en rapport avec le cœur, organe central du mouvement, des appareils de motilité. « On ne voit pas bien, écrivent AuBerr et WIMMER, comment le cœur est aussi l’organe central de la sensibilité ; ArisTorTE semble s’être imaginé que le cœur était en connexion, au moyen des veines, avec la « chair ». En histoire naturelle, en zoologie, ARISTOTE n’a pu tirer ses informations que des pêcheurs (1), des chasseurs, des bergers, des apiculteurs, des montreurs de bêtes. Ses connaissances étendues en embryologie inclineraient pourtant à croire qu’il a vu lui-même ce qu’il décrit. Quoiqu’on ne sache rien de l’existence de traités spéciaux sur ces matières à l’époque d’ARISTOTE, il est toujours possible qu’il en ait existé. Ce qui le ferait supposer, c’est bien moins assurément l’exposition d’ARISTOTE, qui donne souvent l’impression d’observations directes et personnelles, que la conviction raisonnée, et qui s’impose, qu’un philosophe dont l’œuvre en tous les domaines de la connaissance est vraiment immense, n’aurait pu réaliser ni même concevoir le plan d’une histoire générale de la vie et des êtres vivants, s’il n’avait point trouvé une masse, plus ou moins indigeste, de travaux antérieurs, dont il a tiré un monde où tout est ordonné comme dans la nature elle-même. Mais, s’il existait des traités spéciaux sur ces matières, et si ARISTOTE s’en est servi, il l’a fait avec une intelligence si pénétrante, une acuité de génie si intense, qu’il donne l’illusion d’avoir vu et observé lui-même les faits qu’il a décrits, comparés et classés pour la plus lointaine postérité.

Une assez longue pratique des textes d’ARISTOTE, l’auteur auquel je suis revenu le plus souvent aux diverses époques de ma vie, m’a persuadé que le STAGIRITE a procédé ainsi dans la composition de ses grands traités de biologie. Toute une littérature existait de physiologues des γι et v° siècles dont les écrits ne nous sont plus guère connus que par quelques fragments (Hiprox l’Athée), souvent par un seul vers, une ligne de prose, un apophthegme. Que l’on essaie de supputer, par exemple, le nombre de passages où ARISTOTE a cité, presque toujours avec éloge, EmrépocLe d’Agrigente. De même pour DÉMOCRITE ou ANAXAGORE. Que saurions-nous du grand texte anatomique de DioGÈèNE d’Apollonie, capital pour l’histoire du système vasculaire, si nous ne le lisions dans ARISTOTE lui-même ? Ici le STAGIRITE a transcrit in extenso. Mais, presque toujours, il résume, en quelques mots, avec une concision, que je serais tenté d’appeler, en considérant la maîtrise suprème du philosophe, imperatoria (1) Arisrore note expressément que los pècheurs, par exemple, n’observent pas « pour connaître » οὐθεὶς γὰρ αὐτῶν (τῶν ἁλιέων) οὐθὲν τηρεῖ τοιοῦτον τοῦ γνῶνα : γάριν. De anim. gener., II, ν.