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L’OBJET EST ANTÉRIEUR À LA SENSATION

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καθόλου : διὸ δεῖ ἀπὸ τῶν καθ Éxasta Emi ta naShoy perzéxivav (Analyt. poster., II, xt, 24). Mais, s’il n’y a point de connaissance en dehors de l’expérience, ce qu’ARISTOTE a surtout cherché dans la science, c’est la connaissance abstraite et désintéressée, la vérité, non l’utilité. « La sensibilité (xisônsts) est une faculté innée de tous les animaux, mais chez quelques-uns elle est accompagnée de la persistance de la sensation μονὴ τοῦ αἰσθήματος), chez certains autres elle ne l’est pas. Pour ces derniers, la connaissance (yvùs :), soit d’une manière générale, soit du moins dans les cas où la perception est aussitôt effacée, ne va point en eux au delà de la sensation même. Les autres, au contraire, c’est-à-dire ceux qui conservent les perceptions des sens, peuvent, après la sensation, retenir quelque chose de ces perceptions dans l’âme ; et beaucoup d’animaux sont ainsi constitués. Mais il ÿ a toutefois entre eux cette différence que, dans les uns, de cette persistance des sensations naît la raison, dans les autres, non. La mémoire naît donc de la sensation (ëx uèv dy aicôésews γίνεται uviur), et, du souvenir plusieurs fois répété d’une même chose, vient l’expérience (èurspla) ; car les souvenirs peuvent être très multipliés en nombre ; l’expérience est une. De l’expérience, ou bien de tout l’universel qui s’est arrêté dans l’âme, unité, qui, indépendamment des objets multiples, subsiste et demeure une et identique dans tous ces objets, vient le principe de l’art et de la science : de l’art, s’il s’agit de produire les choses ; de la science, s’il s’agit de connaître les choses qui sont. » Il en résulte que pour nous la connaissance des principes dérive nécessairement de l’induction, et que la sensation produit ainsi en nous l’ universel (καὶ γὰρ καὶ αἴσθησις οὕτω τὸ καθόλου ἐμποιεῖ) (1).

ARISTOTE explique l’origine des idées générales par l’induction, et l’induction repose de nécessité sur la sensation : les sens sont donc la source unique de toute connaissance.

Le caractère absolument objectif de la théorie de la connaissance d’ARISTOTE n’est pas moins manifeste :

« Le principe de l’âme qui sent et le principe qui sait sont la même chose en puissance, ici l’objet qui est su, là l’objet qui est senti (rs δὲ φυχῆς τὸ αἰσθητικὸν γαὶ τὸ ἐπιστημονικὸν δυνάμει ταὐτόν ἐστι, τὸ μὲν ἐπιστητὸν, τὸ δ̓ αἴσθηté). Mais nécessairement ou il s’agit ici des objets eux-mêmes, ou de leurs formes ( :2 er). Or ce ne sont certainement pas les objets. Car ce n’est pas la pierre qui est dans l’âme, mais seulement sa forme (οὐ γὰρ ὁ λίθος ἐν τῇ φυγῇ, ἀλλὰ τὸ εἶδος) (5). » La sensation consiste « à être mu et à éprou- (1) Analytica post., U, xv Rex]. 5,

1)Dean.,IL,vi, 2