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L’AUTOMATE PSYCHIQUE

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Physiologies, non plus que deux Psychologies, l’une pour les hommes, l’autre pour les Végélaux et les Animaux. Partout éclate, avec linfinité de la causalité, la continuité des phénomènes naturels. Si l’on connaissait mieux les éléments de la Mécanique moléculaire, les phénomènes les plus délicats des formes supérieures de la vie, les phénomènes d’innervation cux-mêmes pourraient être représentés par quelque formule d’ordre cosmologique, ear les diverses actions nerveuses, les sensations, les images et les idées, ne sont, considérées objectivement, que des systèmes de mouvements. Mais les sciences de la vie sont encore très loin de la perfection relative à laquelle sont déjà arrivées quelques sciences, lelles que lOptique, el la théorie des mouvements ecllulaires est infiniment moins avancée que celle des ondulations de léther.

On ne saurait nier que les vues de quelques biologistes contemporains, tels que HaëckeL et Forez, n’aient failli ramener, en invoquantje ne sais quel panpsychisme, à des vues lout à fail erronées sur les fonclions du proloplasma vivant chez les êtres unicellulaires ou pluricellulaires dont les parties ne se sont pas différenciées en Lissus, en organes, en appareils nerveux centralisés. Il est probable que le sentiment et d’euxmèmes et du monde que peuvent posséder ces organismes élémentaires est tellement vague et obscur que rien ne justifie, sinon le principe même de toute intelligence scientifique des phénomènes psychiques de la vie, les rapprochements et les comparaisons anthropomorphiques de ces savants.

L’intelligence, Lelle que nous la connaissons, implique, en elfel, des organes dont la complexité puisse rendre compte des opérations si élevées et si étendues d’où sont sortis, avec le langage, les sciences et les arts. Mais où commence, où finit l’intelligence, si, par ce mot, on entend la capacité, pour la matière vivante, pour le protoplasma, soit amorphe en apparence, soit différencié en tissus, par suite de la division du travail physiologique, de firer el de conserver, sous forme de traces, signes ou symboles, les événements passés ; si l’on admet l’existence, au sein de ce protoplasma, d’une mémoire d’adaptalion, loujours plus discrète et plus présente par la continuité et la répétition de ces mèmes événements, d’où résulte l’établissement de conditions plus ou moins variables, en accord avec le milieu interne et le milieu externe ? Que celte mémoire des proloplasmas végélal el animal existe, personne ne le met en doute. Mais comment savoir si elle est ou non accompagnée d’une conscience quelconque, de celle conscience même, si elle existe, dont nous ne pouvons avoir nous-mêmes aucun sentiment, el cela dans notre propre organisme, puisque l’écorce cérébrale ne peul « connaître » que très indirectement,