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CONDITIONS ÉLÉMENTAIRES DE L’APPARITION DE LA CONSCIENCE 157.

lei je me sépare absolument de FoneL pour les raisons que j’ai dites plus haut. Je crois encore, avec FoneL, que, si les phénomènes psychiques qu’il est possible de noter chez les Végétaux sont si peu nombreux, c’est que les Végétaux, n’ayant point de système nerveux, c’est dans Îles cellules végétales constituant les plantes, bien plutôt que dans la plante entière, qu’il faut chercher à étudier lindividu véritable. Mais, si le monisme peut revendiquer, pour la vie elles propriétés élémentaires de toute vic, la mème éternité que pour la force el la matière, il ne suit pas, selon moi, qu’on ait le droit de mettre la conscience au nombre de ces propriétés primordiales qui sont communes aux êtres inorganiques el organiques. Que l’on parle, après Ilarckez, de l’embryon d’âme d’une cellule organique ; soit. Mais rien ne décèle l’existence d’une conscience, quelque rudimentaire qu’elle puisse être, dans l’univers sidéral. De même, aucune conscience centralisée ni dans la vie des Végétaux, ni dans celle des organismes où la division du travail physiologique n’a pas encore déterminé l’apparition d’un groupe de neurones associés.

Ce ne sont même pas les neurones, c’est l’association des neurones qui, seule, réalise les conditions d’apparilion d’une conscience. Je ne doute pas de la conscience et de la plasticité de l’intelligence des grands Singes anthropoïdes, des Éléphants, des Dauphins, des Lézards, des Oiseaux et des Chiens, voire des Invertébrés, tels que les Fourmis. Mais qu’est-ce (cerveau antérieur) et des hémisphères cérébelleux (cerveau postérieur), qui caractérise la classe des mammifères, se répète également chez l’homme. La diflérencialion spéciale des différentes provinces du cerveau, des circonvolulions el des scissures de l’écorce grise du lélencéphale, suit les mêmes lois dans l’homme que dans les anlhropoïdes.

Ul. Arguments physiologiques. — L’activité normale des fonclions psychiques est liée à la structure normale du cerveau : sans cerveau, point de vie psychique pour l’homme. La localisalion des différentes fonctions psychiques est établie par l’observation et l’expérimentation. La psychologie comparée démontre que les diverses fonctions dans leurs rapports avec les divers organes cérébraux s’exécutent chez l’homme comme chez les autres mammifères el en parliculier chez les singes. La psychologie expérimentale enseigne que les différentes fonclions du cerveau, chez l’homime comme chez les autres mammifères, se manifesient ou sonl anéanties selon que l’on excile ou que l’on détruit les organes de ces fonclions.

IV. Arguments pathologiques. — L’observation clinique et anatomo- pathologique des maladies de l’encéphale a démontré, de nos jours, que les prélendues « maladies mentales » s’ont l’effet d’altéralions malériclles des diverses parlies du cerveau. La destruction pathologique d’un organe cérébral (du fait, par exemple. d’un ramollissement) détermine de nécessité la perle de la fonction correspondante, La dégénération progressive du cerveau dans les affections chroniques de ce viscère permet de suivre la diminution progressive de ses fonclions, puis de constater leur extinction. Ces arguments, emprunlés à l’analomic comparée, à l’embryologie, à la physiologie et à la pathologie du système nerveux, ne permettent point de douter que la phylogénie de l’« âme » de l’homme ne soil inséparal.le de celle de ses organes, ct surloul du cerveau (*). (C9 Ennsr Ilacres. Svstematische Phylogenie der W’irhelthiere (Vertebrata), A, Th. :Berlin, 1805), $ 149, p. 029.

J. Souny. — Le système nerveux central.

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