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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

ANTIQUITÉ


Physiologie générale et spéciale. — Structure et fonctions des organes de la vie, de la sensibilité et de la pensée.

Alcméon de Crotone (vers 500), qui le premier aurait fait des dissections et des vivisections[1], fut aussi, sans doute, l’un des premiers qui, chez les Hellènes, ait localisé dans le cerveau la perception des sensations et la pensée. Ce jeune contemporain de Pythagore[2] était célèbre dans sa patrie par ses recherches d’anatomie et de physiologie. Aristote le cite plusieurs fois, expose et discute ses doctrines ; peut-être avait-il écrit un ouvrage contre Alcméon[3]. Peut-être avait-il vu les nerfs ou

  1. Chalcidius, Comment. in Timaeum Plat., CCXLIV. Alcmaeus Crotoniensis, in physicis exercitatus, quique primus exsectionem aggredi est ausus. Galien, De histor. philos. (Kühn, XIX, 222 sq.). Fragmenta philosophorum graecor. (Mullach), II, LV, 114 et 255.
  2. Αristote, Μét., I, v, καὶ γὰρ ἐγένετο τὴν ἡλικίαν Ἀλκμαίων ἐπὶ γέροντι Πυθαγόρα. Ces mots semblent interpolés ; ils ne sont pas dans tous les manuscrits ; les commentateurs grecs de la Métaphysique n’en font pas mention. Cf. Diogène De Laerte, VIII, v. L’écrit qu’Alcméon avait composé sur la nature, et qui nous a conservé le nom de son père, commençait ainsi : Ἀλμαίων Κροτωνιήτης ταδ’ ἔλεξε, Πειριθόου υἱός... Les premiers mots de cet écrit, cité par Diogène d’après Favorinus, où Alcméon dédie son œuvre à Brontinus, Leo et Bathylius, semblent témoigner que l’époque indiquée est exacte. (Unna, Krische, Zeller, Die Philosophie der Griechen, 3te Aufl., I, 422.) La tradition lui attribua longtemps d’avoir le premier écrit un de ces traités περὶ φύσεως déjà assez nombreux aux VIe et ve siècles. Δοκεῖ δὲ πρῶτος φυσικὀν λόγον συγγεγραφέναι, dit Diogène. Clément d’Alexandrie, Strom., I. 308. Théodoret, Serm., I. Diogène et Clément désignent cet ouvrage d’Alcméon sous le nom de φυσικὀς λόγος. Galien l’appelle περὶ φύσεως (in Hippocr. de elem. (Kühn, I, 487) ; in Hippocr. de nat. hom. XV, 5), titre que les anciens ont donné, dit-il, presque tous à leurs écrits sur ce sujet : τὰ γὰρ τῶν παλαιῶν ἅπαντα περὶ φύσεως ἐπιγέγραπται, τὰ Μελίσσου, τὰ Παρμενίδου, τὰ Εμπεδοκλέους, Ἀλκμαίωνος. Relativement à Alcméon, Anaximandre et Anaximène, peut-être même Héraclite, sans parler de Xénophane, ont certainement écrit des περὶ φύσεως avant le physiologue de Crotone.
  3. Aristote, H. A., I, XI ; VII, I. De generat. anim., III, III. Diogène, dans son Catalogue des œuvres d’Aristote (V, I ) : πρὸς τὰ Ἀλκμαίωνος α´. A propos des phénomènes de croissance et de développement physiologique, Alcméon de Crotone aurait comparé, au dire d’Aristote, l’apparition des poils de la puberté à la floraison des plantes, époque qui précède celle où les végétaux portent leurs semences (II. A., VII, I, I).

J. Soury.Le système nerveux central.