Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.





ARISTOTE

« Entre les animaux, l’homme a le plus de cerveau (ἔχει δὲ τῶν ζῴων ἐγκέφαλον πλεῖστον ἄνθρωπος), en tenant compte de la proportion de sa taille : dans l’espèce humaine, les mâles en ont plus que les femelles, parce que, dans l’homme, la région qui comprend le cœur et les poumons est plus chaude et plus sanguine que dans tout autre animal... C’est donc à un excès de chaleur que s’opposent les excès d’humidité et de froid[1]. » Ce texte résume assez bien la doctrine d’Aristote sur les fonctions du cerveau. Ces fonctions ne sont point celles que, depuis Alcméon, nombre de naturalistes et de médecins grecs avaient plus ou moins nettement reconnues : l’encéphale n’est pas, pour Aristote, le siège des sensations, des passions et de l’intelligence. Le centre psychique, le siège principal des sensations et de la pensée, c’est le cœur. Aristote prétend même que le cerveau n’a rien de commun avec la moelle épinière : celle-ci est chaude naturellement, tout au contraire du cerveau. Le cerveau n’a aucune fonction psychique, il n’est, à cet égard, qu’un intermédiaire indispensable entre les sensations de la vue, de l’odorat, de l’ouïe et le cœur, où ces sensations aboutissent. Si l’homme a le cerveau le plus grand, c’est parce que le cœur et le poumon de cet animal sont plus chauds, et qu’à cet excès de chaleur la nature devait opposer un excès de réfrigération.

  1. De part. anim.,II, III, X, : De gener. anim., V, III, IV ; Problem., I, 16 ; II, 17 : XXXVI, 2.