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LA MALADIE SACRÉE

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dents, soit à des interventions chirurgicales (trépan, etc.) sur cet organe dans les plaies de la tête, des convulsions ou des paralysies se produisent du côté du corps opposé à la lésion, et que la perte de la parole accompagne quelquefois ces paralysies (Prénotations de Cos, xxvur, 488-490). Les malades deviennent aussi « sans voix » à la suile de commotions et de congestions cérébrales {(Aphorismes, $ 58). A l’épilepsie, chez les jeunes enfants, succèdent quelquefois des paralysies locales et des contractures (De la maladie sacrée, 8) ; l’atrophie musculaire succède également à la paralysie dans la partie affectée {Prorrhétique, $ 39). Dans les plaies de la téte et dans les traumatismes opératoires, les convulsions qui peuvent éclater sont également croisées : elles dépendent bien du cerveau (Des plaies de la tête, $ 13, etc. ; Des Glandes, vin, 567).

Enfin le délire et les troubles de l’intelligence étaient nettement rattachés aux phlegmasies cérébrales et aux traumatismes cräniens. On trouve aussi chez ces médecins grecs une idée qui reparait chez ARISTOTE, mais exagérée et déformée au point d’avoir induit, selon tous les critiques, le philosophe en ane grave erreur ; c’est que « l’encéphale est plus sur le devant de la tête que sur le derrière » (Des maladies, 11, 8). C’est là un fait d’observation ; mais ce qui n’en est pas un, c’est de soutenir, comme l’a fait le Stagirite, que, chez tous les animaux, « le derrière de la tête est vide et creux » (H. A., 1, xut), et cela lorsqu’il signale d’ailleurs la forme et la structure du cervelet. Mais, en rapprochant la lettre de ce texte de celle d’un passage que nous citerons et dans lequel ArisToTE parle des ventricules latéraux et moyen, passage où le même mot est employé, j’avais. supposé qu’ARtSTOTE avait désigné ici le quatrième ventricule ou ventricule du cervelet ; j’abandonne cette hypothèse. L’auteur du traité sur la Maladie sacrée fait décidément entrer dans la science la doctrine qui localise les fonctions intellectuelles et morales dans le.cerveau. Un autre point de doctrine bien établi dans ce traité, et qui n’a pas eu moins de peine à triompher(si tantest qu’il ait vaincu, même en Europe, l’ignorance et la superstition), c’est que toutes les maladies sont de cause naturelle, que l’épilepsie n’est pas plus « sacrée » que n’importe quelle autre névrose ou psychose, et que les sensations, les passions et l’intelligence dépendent du cerveau. Tant que le divin ou le surnaturel intervient en quoi que ce soit dans les événements du monde et de la vie, il n’y a point de science de la nature. Lorsque la foudre éclatait dans les cieux embrasés, quand les comètes apparaissaient, que le soleil ou la lune s’éclipsait, dit DÉMOCRITE, dans un fragment que nous avons cité, les hommes des anciens jours s’effrayaient, convaincus que les dieux étaient les auteurs de ces prodiges. Pour que la science püût apparaître, il fallait écarter résolument toutes les interprétations anthropomorphiques