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LE MYÉLENCÉPHALE

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voir, « ainsi qu’une terre labourée, la semence divine », c’est-à-dire l’âme intelligente ; 2° le reste de la moelle, devant contenir le reste de l’âme, ou la partie mortelle, segmenté en formes « rondes et allongées », portant le nom commun de moelle (uverés). Ce sont là les ancres auxquelles sont attachés les liens qui unissent les trois âmes. Le corps fut construit autour de ce myélencéphale après que celui-ci eut été muni d’un revêtement osseux, tels que les os du crâne et les vertèbres cervicales, dorsales, etc. (Tim., 73 B). Quant à ces « liens », c’étaient les veines et les ligaments, faisant encore office de nerfs. Ce que PLATON appelle nerfs, en effet, ce sont les tendons, les ligaments, les aponévroses. Aussi dit-il positivement que « la tête est dépourvue de nerfs » (Tim., 795 C){1). Le cerveau, siège de l’intelligence, n’est pas ici le siège des perceptions, comme chez ALCMÉON. Quand cet ébranlement de l’air qu’on nomme le son, dit-il, frappe l’organe de l’ouïe, c’est-à-dire l’air contenu dans l’intérieur de l’oreille, de petites veines pleines de sang, traversant le cerveau, portent la sensation au foie, siège de l’âme sensitive (THÉoPHR., De sensu, vi, 85). De même pour le goût, etc. Il reste toujours que, chez l’auteur du Timée, il y a, non pas un centre psychique, l’encéphale ou le cœur, mais des centres psychiques hiérarchiquement subordonnés, nettement localisés dans la moelle épinière, la moelle allongée et le cerveau.

La même théorie a été l’origine de quelques vues intéressantes de physiologie générale chez PLATON, relativement à la vie des végétaux. Des théories analogues, plus ou moins raisonnées, paraissent avoir été soutenues par EMPÉDOCLE, DÉMOCRITE, ANAXAGORE, ainsi que nous l’avons rappelé. Voici comme s’exprimait GALIEN à ce sujet, dans son commentaire sur le Timée (2) :

« Nous avons déjà montré plus haut (dans la partie perdue du commentaire) que P14-TON avait eu raison d’appeler les plantes (rà qur&) des animaux (&&zx). » Partant de ce principe que l’âme est le principe du mouvement (+rhv ψυχὴν ἀρχγὴν εἶναι κινήσεως), οἱ que les plantes ont en elles la source de leurs mouvements, on les appellera à juste titre animées (éuvuya). « Or tous les hommes appellent animal un corps animé. Lors mème (1) PLaron, remarque Gaz1En, dit qu’il n’y a point de nerfs dans la tête, parce qu’il ne connaissait pas les nerfs volontaires ; il ne sait même pas que la sensation est produile dans la tète par les nerfs (μὴ γινώσχων μηδ’ ἐνταῦθα διὰ νεὔρων τὰς αἰσθήσεις yivouévas), ignorance d’ailleurs partagée aussi par quelques anciens médecins. « Mais il n’est pas étonnant que PLaToN, de mème qu’HoMère, ait ignoré l’anatomie (ra xata tas avarouas &yvoñoat). » Fragments du commentaire de Galien sur le Timée de Platon, p. 17.

(2) Gauien. Fragments du commentaire sur le Timée de Platon, publ. pour la première fois par Cu. DarEusErG. Paris, 1848.