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LE ROMAN DE CASIMIR DELAVIGNE

sonnet d’Arvers », et de M. Sully-Prudhomme qu’il est « l’auteur du Vase brisé », on ne dit pas de C. Delavigne qu’il est « l’auteur des Limbes », c’est que son répertoire lyrique et surtout son bagage dramatique sont assez riches pour qu’on n’ait que l’embarras du choix : il est tout simplement l’auteur d’une œuvre considérable, trop longtemps et trop injustement dédaignée, œuvre dont j’ai essayé d’expliquer la genèse au cours de cette étude.

VI

Ce genre de critique appartient à la biographie littéraire, genre que je crois légitime et bon, avec Lamartine, lorsqu’il écrit à M. de Genoude : « Quoi que les sots, qui ne savent lire que ce qui est écrit, en puissent dire, j’ai toujours pensé qu’un grand écrivain valait encore mieux que son plus beau livre. » (i) C. Delavigne, en effet, est supérieur à son œuvre. Il aurait tout à gagner à ce que des chercheurs d’inédit publiassent sa correspondance, aujourd’hui disséminée. Sa mémoire n’y perdrait rien. Il y gagnerait peut-être un renouveau de cette popularité qui ne l’abandonna pas, même à sa mort. Quand le cortège funèbre quitta la maison de la rue Bergère, des jeunes gens demandèrent à traîner eux-mêmes le char (-),’ fidèles jusqu’au bout à l’homme qui avait été si

(1) Correspondance, II, 48.

(2) Le Goffic, p. 25.*