sonnet d’Arvers », et de M. Sully-Prudhomme qu’il est « l’auteur du Vase brisé », on ne dit pas de C. Delavigne qu’il est « l’auteur des Limbes », c’est que son répertoire lyrique et surtout son bagage dramatique sont assez riches pour qu’on n’ait que l’embarras du choix : il est tout simplement l’auteur d’une œuvre considérable, trop longtemps et trop injustement dédaignée, œuvre dont j’ai essayé d’expliquer la genèse au cours de cette étude.
Ce genre de critique appartient à la biographie littéraire, genre que je crois légitime et bon, avec Lamartine, lorsqu’il écrit à M. de Genoude : « Quoi que les sots, qui ne savent lire que ce qui est écrit, en puissent dire, j’ai toujours pensé qu’un grand écrivain valait encore mieux que son plus beau livre. » (i) C. Delavigne, en effet, est supérieur à son œuvre. Il aurait tout à gagner à ce que des chercheurs d’inédit publiassent sa correspondance, aujourd’hui disséminée. Sa mémoire n’y perdrait rien. Il y gagnerait peut-être un renouveau de cette popularité qui ne l’abandonna pas, même à sa mort. Quand le cortège funèbre quitta la maison de la rue Bergère, des jeunes gens demandèrent à traîner eux-mêmes le char (-),’ fidèles jusqu’au bout à l’homme qui avait été si
(1) Correspondance, II, 48.
(2) Le Goffic, p. 25.*