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HISTOIRE DU PARNASSE

son caractère ; pour son talent, il est accepté, comme collaborateur, au Parnasse Contemporain, mais il faut qu’il demande à entrer ; on ne va pas le solliciter.

Au début de 1866, il entend parler d’une revue poétique en préparation, et demande des indications à son ami Sainte-Beuve qui doit être au courant : « je vous en prie, chargez votre fidus Troubatus de me renseigner sur une publication périodique en vers : Le Parnasse, avec un adjectif à la suite[1] ». Sainte-Beuve charge en effet le fidèle Troubat de mettre Baudelaire en rapport avec Lemerre, « éditeur très zélé et très intelligent[2] ». L’affaire s’arrange, et la cinquième livraison est tout entière consacrée aux nouvelles Fleurs du Mal[3] » ; en tout seize pièces, dont douze seront reproduites dans la troisième édition des Fleurs du Mal, sans une seule correction : Épigraphe pour un livre condamné. L’examen de minuit, Madrigal triste, L’Avertisseur, Le Rebelle, Les Yeux de Berthe, La Rançon, Bien loin d’ici, Recueillement, Le Gouffre, Les Plaintes d’un Icare, Le Couvercle. Les quatre autres poèmes présentent chacun une ou deux variantes. Pour l’Hymne, le Parnasse donne :


Salut en immortalité.


Dans Les Fleurs, on trouve :


Salut en l’immortalité.


Le Jet d’eau présente, dans le Parnasse une banalité :


Le vif éclair des voluptés.


L’épithète est modifiée heureusement dans Les Fleurs :


L’éclair brûlant des voluptés.


Dans l’Âme Malabaraise, la correction est plus intéressante encore ; il avait écrit dans Le Parnasse :


L’œil pensif, et suivant dans les sales brouillards
Des cocotiers aimés les fantômes épars ;



il y a un vrai progrès dans Les Fleurs :


L’œil pensif, et suivant dans nos sales brouillards
Des cocotiers absents les fantômes épars.


  1. Lettres, p. 507.
  2. Lettres, p. 529, 531-532, 536.
  3. Lepelletier, Verlaine, p. 190.