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Nous laisserons de côté une guerre que ces princes, sur l’instigation de Drona, vont déclarer à Draupada, roi de Pantchala, dont ils dévastent la ville et obtiennent de force la soumission, et toutes sortes de pièges meurtriers, tendus par les Courâvas aux Pândavas, et nous nous hâtons d’arriver à l’épisode de la maison de laque. Les Brâhmanes, les anachorètes et les gens de la campagne sont évidemment favorables à la cause des fils de Pândou, tandis que la caste des kschattryas et des habitants des villes soutiennent leurs cousins. Dhrilarâchtra, que la cécité et la vieillesse rendent faible et mobile, consent à partager le pouvoir avec Youdhichthira et à le nommer youvâradja (héritier présomptif) : il préfère ses neveux. Mais Douryôdhana fait jouer mille batteries, mille ressorts, et il n’a pas de peine à reprendre l’avantage, malgré les officieux avis que leur vertueux oncle Vidoura donne sans cesse aux jeunes gens persécutés. Dévoré de jalousie, fatigué des sympathies populaires que ses rivaux excitent, il vient trouver son père et le supplie de reléguer, au moins temporairement, les Pândavas loin d’Hastinapoura, dans la petite ville de Vâranâvata, sur les bords du Gange. On vante les délices de cette ville : les conseillers de la cour sont gagnés : le vieux roi cède à tant d’intrigues, et les fils de Pândou eux-mêmes sont forcés d’accepter cet exil déguisé. Douryôdhana, traître et hypocrite, charge un de ses complices, Pourotchana, d’élever sur cette terre de Vâranâvata, qui leur appartient, une maison magnifique et ornée de meubles précieux, mais construite avec de la laque, de la résine et plusieurs matières combustibles. Les cinq exilés y demeureront, ainsi que leur mère Kountî et leurs compagnons : on y mettra le feu, et ils disparaîtront ainsi tous, sans que personne puisse soupçonner dans leur mort autre chose qu’un accident du hasard.

Après avoir adressé des adieux touchants à leurs parents, aux grands et aux citoyens d’Hastinapoura, dont la plupart les estiment et les regrettent, les Pândavas se sont mis en