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ou Ventre de Loup. Pândou, qui ne chérissait pas moins Madrî que Kountî, sollicita pour elle l’application des mêmes formules ; elle invoqua les Açwins, et de ces deux jumeaux célestes elle eut Nakoula et Sahadèva, beaux et gracieux, légers à la course et ardents dans les combats. Bientôt après, Pândou étant mort, ses deux femmes se disputèrent l’honneur de monter sur le bûcher où l’on consumait son corps ; ce fut Madrî qui l’emporta, et elle se brûla en léguant ses deux fils à Kountî. Cette intervention des prophètes et des divinités dans ces questions de généalogie, ces incarnations fréquentes, ce commerce continuel des créatures terrestres et des habitants des cieux, ont, depuis, tenu leur place dans plus d’une théogonie, et spécialement dans la mythologie gréco-latine, qui, sur ce point comme sur tant d’autres, reproduisait les traditions aryennes.


III


La lutte de ces cinq enfants de Pândou contre les cent fils de Dhritarâchtra suffira, grâce aux hors-d’œuvre qui l’accompagneront, pour remplir cette incommensurable épopée. Ces derniers, les Courâvas, particulièrement l’aîné, Douryôdhana (le méchant guerrier), sont vaillants, mais orgueilleux ; ils régneront à Hastinapoura : les Pândavas, avec leur mère réelle ou adoptive Kountî, se retirent dans les solitudes auprès de pieux anachorètes. Dès qu’ils eurent atteint l’adolescence, on les ramena à Hastinapoura, où, non sans quelques doutes sur la légitimité de leur naissance, Dhritarâchtra consentit à les reconnaître pour ses neveux, et les fit élever avec ses propres fils par le brahmane Drona, également versé dans la connaissance des textes sacrés et dans l’art de la guerre. Ce Drona venait du pays septentrional de Pantchâla, où il avait été le camarade d’études du prince Drau-