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Parîkchita, ayant appris le danger auquel il était en butte, se repentit; mais l’imprécation d’un Brâhmane ne pouvait rester stérile. Aussi, des reptiles, envoyés par Takchaka sous la forme de prêtres, vinrent lui offrir, pour le tenter, de l’eau, des fleurs et des fruits, et le roi, en ayant goûté, succomba. Djanamèdjaya, héritier de ce prince, brûlant de venger sa mort, se hâta de célébrer le sacrifice des serpents ; des évocations magiques eurent lieu, et dans un bûcher enflammé ils roulèrent pêle-mêle, blancs et noirs, jaunes et rouges, jeunes ou vieux, armés de dards, gonflés de venin. Takchaka et Vâsouki échappèrent presque seuls, et le neveu de celui-ci, Aslika, par ses prières et ses austérités, arrêta les effets de ce redoutable sacrifice.

Notez bien que, si vite que nous marchions, nous n’avons point fait encore un pas dans le cercle même du sujet véritable. Il est temps d’en connaître les principaux personnages et d’indiquer leur filiation passablement miraculeuse, sans remonter tout à fait au déluge. Une apsarâ ou nymphe céleste, Adrikâ, condamnée par les dieux à revêtir pour un certain temps les apparences d’un poisson, engendra une fille, qui fut nommée Satyavatî ; celle-ci s’unit au sage Parâsara et lui donna, dans une île de la Yamounâ, un fils qui fut appelé Dvâipâyana (l’enfant de l’île), qui révéla une vertu et une science précoces et qui devait s’illustrer sous le nom de Vyâsa (le compilateur), celui (ne l’oublions jamais) qui est supposé l’auteur, du Mahâbhârata ; nous allons avec lui de merveilles en merveilles. Effectivement, Satyavatî ayant épousé en second lieu Bhîchma, fils de Santânou, roi d’Hastinapoura, eut de lui deux rejetons, Vitchitravirya et un autre, qui expirèrent jeunes et sans postérité. Désolée de voir s’éteindre la race de Santânou, elle ordonne à Vyâsa de se marier à Ambîka, fille du roi de Bénarès et veuve de son frère utérin Vitchitravîrya ; le code de Manou, semblable en cela aux vieilles lois d’Israël, ne disait-il pas ? « Lorsqu’il n’y a pas d’enfants dans une famille, la progéniture que l’on désire