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délivré de cet enchantement magique par la présence de Rourou.

On sait quel rôle important jouent les serpents dans les différentes théogonies de l’Orient, comme emblème de perversité ; ils reviennent à tout propos chez les mythologues hindous ; la légende d’Astika, entre autres, leur est consacrée. Son père, Djaratkârou, était un sage adonné à une chasteté et ta des mortifications perpétuelles, riche et puissant d’ailleurs ; jeûnant sans cesse, ne vivant que d’air, errant à travers les forêts, il aperçut un jour ses aïeux suspendus, les pieds en haut et la tête en bas, au-dessus d’un grand trou où un rat menaçait de les dévorer. Il apprit d’eux qu’ils étaient dans cette triste position, parce qu’un de leurs descendants (c’était lui-même) refusait de se marier ; car, selon les idées de ce pays et de ce temps, rien n’était plus honteux et plus sacrilège que l’absence de postérité. Ému par leurs reproches, Djaratkârou se mit en quête, et il finit par trouver une épouse à sa convenance, la fille du souverain des reptiles, Vâsouki ; d’elle, il eut Astîka, qui, par ses bonnes œuvres et sa piété, racheta la malédiction, attachée à la race de sa mère. D’autres mythes, suivant, l’usage, sont enclavés dans celui-là, par exemple celui de Vinatâ et de Kadroû, les deux femmes de Kaçyapa, ayant, la première deux enfants d’une vigueur surnaturelle, la seconde mille serpents pour rejetons ; citons également celui de la création de l’ambroisie, si célèbre chez les Indiens. Il n’est pas difficile d’y reconnaître quelque allégorie, symbolisant la résistance des forces élémentaires de la matière brute aux lois régulières de la nature, la lutte de l’ordre et du désordre, et rappelant l’opposition éternelle du bien et du mal, la rivalité des enfants de Seth et des enfants de Caïn, surtout la guerre des anges et des démons, des dieux et des titans, des Amschapands et des Darwends, tels que la Bible, le Zend-Avesta, Hésiode, Ovide et Milton l’ont décrite tant de fois. Les Souras ou Dévas (bons génies) et les Asouras (Dânavas, Dityas, mauvais génies) se